Note · "...où boivent les vaches."
C'est l'autre chef-d'oeuvre de Roland Dubillard après...
" "...OÙ BOIVENT LES VACHES.", la plus importante de mes pièces. Le sujet c'est le doute d'un poète qui se rend compte que la gloire est truquée, truquée par le monde et la culture, par sa mère, son fils, sa femme et toutes les académies. Le poète tente de s'enfuir de ce monde truqué ; il part et il retrouve ailleurs le même monde. À la ville comme à la campagne c'est la même tromperie. Le titre est de RIMBAUD, il dit : "On ne part pas, j'y suis toujours". C'est une pièce sur l'eau qui coule comme la vie."
ROLAND DUBILLARD
"C'est l'autre chef-d'œuvre de ROLAND DUBILLARD après LA MAISON D'OS. Une pièce tragi-comique sur l'art, sur celui de vivre aussi: d'être un homme. Ce pourrait être ce que L'ILLUSION COMIQUE est à l'œuvre de CORNEILLE ou LES GÉANTS DE LA MONTAGNE à celle de PIRANDELLO, une fantaisie où les questions de l'existence et la nécessité de l'art sont mêlées dans un geste d'écriture singulier anticonformiste et qui ne trouve pas d'équivalent aujourd'hui: une rareté en somme, un trésor. Créée en 1972 à Paris au Festival d'Automne par la compagnie Renaud-Barrault avec une distribution prestigieuse dont ROLAND DUBILLARD lui-même dans une mise en scène de ROGER BLIN, la pièce fut reprise en 1983 au TNP par ROGER PLANCHON. Cela fait vingt ans que cette drôlerie est injustement absente des théâtres."
ÉRIC VIGNER
Vigner entretient un rapport particulier avec les deux auteurs de ses débuts, MARGUERITE DURAS et ROLAND DUBILLARD. Après le diptyque autour de Duras, le Théâtre du Rond-Point à Paris le sollicite pour le Festival Dubillard.
En octobre 2003, il ouvre la première saison théâtrale du CDDB au Grand Théâtre avec « …OÙ BOIVENT LES VACHES. » de ROLAND DUBILLARD avant que la pièce ne soit présentée à Paris en avril 2004.
Pour cette création Vigner rassemble une famille d’acteurs, dont la plupart ont déjà travaillé avec lui auparavant : HÉLÈNE BABU (La pluie d’été 1993), JEAN-DAMIEN BARBIN (Rhinocéros 2000 et La Bête dans la Jungle 2001), PIERRE GÉRARD (La Place Royale 1988), JUTTA JOHANNA WEISS (Marion de Lorme 1998, Rhinocéros 2000 et La Bête dans la Jungle 2001). Quatre acteurs joignent "la famille Vigner" : MICHA LESCOT qui interprète le rôle de Félix - rôle principal que Dubillard avait lui-même créé - , MARC SUSINI, JEAN-PHILIPPE VIDAL et THIERRY GODARD.
"J'y suis entré par hasard dans la maison de ROLAND DUBILLARD, par la petite porte à la fin de l'adolescence et j'y suis resté. La première fois c'était en Bretagne au Conservatoire de Région. Deux amis présentaient une scène de LA MAISON D'OS : rien compris. J'ai tendu l'oreille, intrigué, puis je l'ai travaillé pour le concours d'entrée du Conservatoire d'Art Dramatique de Paris. L'attachement est devenu par la suite obsessionnel, alors j'ai voulu sortir du Conservatoire d'Art Dramatique de Paris avec ce texte. Quand, quelques années plus tard, il s'est agi de devenir un homme sans pour autant oublier l'enfance et ses terrains de jeux mais de manifester son désir et de ne pas céder là-dessus, LA MAISON D'OS m’est revenue en mémoire tout simplement, elle y avait toujours été. Elle n'était plus visitée depuis une trentaine d'années et c'est alors que cette jeune SUZANNE M, cette très jeune compagnie de théâtre avait décidé de l'habiter et de faire territoire de ce chef d’œuvre de la littérature théâtrale de la seconde moitié du XXe siècle. SUZANNE M. avait adopté le mot d'ordre libérateur de Dubillard : Mieux vaut parler comme on veut que comme il faut. Ou alors, je vais me taire. C’est à choisir., celui-là même qui avait présidé à la création de LA MAISON D'OS. Ce texte s'offrait à nous comme la matière qui allait fonder les bases du nouveau théâtre que nous voulions construire : un manifeste poétique pour inventer l'avenir par le théâtre exactement. J'ouvre le livre et la plongée est imminente à l'intérieur de soi. C'est là, la connaissance directe de Dubillard, ou non, ça ne s'explique pas, ça se comprend de la manière dont ça se sent, ça échappe à la réduction analytique, on y adhère totalement, à tout sinon rien. J'ai retrouvé ce sentiment avec DURAS et j'ai eu la chance de connaître les deux, en chair et en os. C'est une histoire de famille, il y a la famille Dubillard comme il y a celle de DURAS, c'est-à-dire, une adhésion irrémédiable et durable, immédiate et profondément intime, à l’œuvre et à la nature si particulière de sa relation au monde (personnelle), qui avance par liens, DUBILLARD avant Internet, le cœur en plus, par bonds, par fragments, par bouts de mémoire et de sensations, collisions, emboîtements, il n'y pas de logique déterminée de l’œuvre au commencement, seulement le sentiment qui conduit à la nécessité d'écrire, son flux, pas de fin programmée, pas possible, plutôt un va-et-vient, à la "va comme je te pousse", une multitude de points exemplaires et autonomes qui finissent par former un tout, comme on dirait de l’œil d’une mouche aussitôt diffracté. L’œuvre de DUBILLARD initiera artistiquement toute une vie, la mienne en particulier, mais aussi celles des enfants de la maison, ceux qui savent encore aujourd'hui que jouer est un jeu, ceux qui n'ont pas oublié les jardins d'enfance."
ÉRIC VIGNER
"C’est l’autre chef-d’œuvre de ROLAND DUBILLARD après LA MAISON D’OS. Une pièce tragi-comique sur l’art, sur celui de vivre aussi : d’être un homme. Ce pourrait être ce que L’ILLUSION COMIQUE est à l’œuvre de Corneille ou LES GÉANTS DE LA MONTAGNE à celle de PIRANDELLO, une fantaisie où les questions de l’existence et la nécessité de l’art sont mêlées dans un geste d’écriture singulier anticonformiste et qui ne trouve pas d’équivalent aujourd’hui : une rareté en somme, un trésor. Créé en 1972 à Paris au Festival d’Automne par la compagnie Renaud-Barrault avec une distribution prestigieuse dont ROLAND DUBILLARD lui-même dans une mise en scène de ROGER BLIN, cette pièce fut reprise en 1983 au TNP par ROGER PLANCHON. Cela fait vingt ans que cette drôlerie est injustement absente des théâtres."
ÉV
"Je ne peux pas écrire. J’ai la crampe des écrivains. Votre ballet, votre film de cinématographe, vos chèvres qui pètent, je ne sais quoi, votre pièce de théâtre, écrivez-là vous-même. Je ne suis pas un stylo, ou si je suis un stylo, qu’on me prenne en main. Moi je ne lèverai pas le petit doigt. C’est maintenant, c’est tout de suite que je veux qu’il se passe quelque chose, pas la saison prochaine dans un théâtre. Lequel ? Subventionné si possible." [1]
""… OÙ BOIVENT LES VACHES." est la plus importante de mes pièces. Le sujet c’est le doute d’un poète qui se rend compte que la gloire est truquée, truquée par le monde et la culture, par sa mère, son fils, sa femme et toutes les académies. Le poète tente de s’enfuir de ce monde. À la ville comme à la campagne c’est la même tromperie. Le titre est de Rimbaud, il dit : on ne part pas, j’y suis toujours. C’est une pièce sur l’eau qui coule comme la vie."
Roland Dubillard
"Non ! - Je ne suis pas né. Aucun souvenir. Tout ça c'est ce qu'on raconte, rien. Dans un endroit, non! Je ne suis pas né dans un endroit: une grotte, un immeuble, non! Ni à une date, non. Entre dix-neuf et vingt les siècles, non. C'est "maintenant" qui compte pour moi. Je suis là. Voilà. Regardez-moi. Ici maintenant. Vous m'avez vu? Profitez-en. Je ne suis pas né, je suis là. Si ça ne vous intéresse pas, vous pouvez toujours vous en aller. Si ça vous plaît pas. Dites." [1]
© Photographies : Alain Fonteray
Textes assemblés par Jutta Johanna Weiss
© CDDB-Théâtre de Lorient