Ouest France · 19 janvier 2005 · "... OÙ BOIVENT LES VACHES."

Ouest France · 19 janvier 2005 · "... OÙ BOIVENT LES VACHES."
Une formidable toile d'araignée littéraire, oeuvre d'un "grand horloger" théâtral de génie.
Presse régionale
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19 Jan 2005
Ouest France
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Ouest France

19 janvier 2005

"...Où boivent les vaches." C'est au théâtre

Deux représentations de Dubillard mis en scène par Vigner à Quimper.

Quand l'un des jeunes metteurs en scène qui "comptent" aujourd'hui, rencontre l'un des auteurs contemporains français les plus remarquables, l'expérience vaut le coup d'oeil et d'oreille.

Après une reprise consacrée à la danse, la scène nationale de Quimper propose une rentrée théâtrale carrément brillante avec "...Où boivent les vaches." de Roland Dubillard, dans une mise en scène de l'un des plus grands talents bretons, Éric Vigner. La pièce créée par la compagnie Renaud-Barrault en 1972 dans une mise en scène de Roger Blin, avec une prestigieuse distribution (dont Dubillard lui-même) avait été reprise par Planchon au TNP en 1983. Depuis, elle végétait dans la poussière d'archives.

"...Où boivent les vaches." est la plus importante de mes pièces, estime d'ailleurs l'auteur ; "Le sujet c'est le doute d'un poète qui se rend compte que la gloire est truquée... Le titre est de Rimbaud. Il dit : "On ne part pas. J'y suis toujours". C'est une pièce sur l'eau qui coule comme la vie". Le metteur en scène, le breton Éric Vigner, plasticien de formation, est tombé raide amoureux de l'écriture de Dubillard, dès sa première lecture.

"Dubillard, c'est comme Marguerite Duras, écrit-t-il, on y adhère totalement ou pas du tout... ". C'est donc très logiquement que l'une des premières mises en scène du jeune Vigner aura été La maison d'os, l'autre chef-d'oeuvre de Dubillard. Nommé en 1995, directeur du Centre dramatique de Bretagne à Lorient, Éric Vigner a également travaillé pour les comédiens français (Bajazet de Racine, L'école des femmes, de Molière et Savannah Bay, de Duras). Pour lui, "...Où boivent les vaches." est  "une pièce tragi-comique sur l'art, sur celui de vivre aussi: d'être un homme".

Une oeuvre qui, par la magie de l'écriture si particulière de Roland Dubillard, aux limites extrêmes du surréalisme, devient une sorte de gigantesque "cadavre exquis". On ne sait plus si c'est le hasard des mots qui parvient à créer une histoire, ou si celle-ci au contraire, est le fruit d'une formidable toile d'araignée littéraire, oeuvre d'un "grand horloger" théâtral de génie.