Le Télégramme · 6 octobre 2003 · "...OÙ BOIVENT LES VACHES."

Le Télégramme · 6 octobre 2003 · "...OÙ BOIVENT LES VACHES."
Un théâtre immédiat, de sensation et drôle.
Presse régionale
Avant-papier
06 Oct 2003
Le Télégramme
Langue: Français
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Le Télégramme

6 octobre 2003

Première : on s'agite en coulisses

Effervescence dans les coulisses du Grand théâtre à quelques heures de la première de "...Où boivent les vaches.". Avant de hisser la grand voile pour cette croisière à deux (CDDB à la programmation, Grand théâtre pour l'accueil), tout le monde est à son poste : à la barre, Éric Vigner, directeur du CDDB et metteur en scène pour le coup. Aux avant-postes les comédiens qui répètent sans relâche, sans oublier les travailleurs de l'ombre qui s'affairent dans les coulisses décorateur, accessoiriste, costumier..

Vache qui rit ? Pour l'amour de l'art

On sait depuis un moment que les vaches s'abreuveront cette semaine au Grand théâtre. Ce que l'on sait moins, c'est à quelle sauce elles vont être mangées. Vache folle ? Vache qui rit ? Le metteur en scène, ÉRIC VIGNER, entre deux répétitions au Grand théâtre, prend le temps de présenter par le menu la pièce phare de la rentrée théâtrale lorientaise. La vie, l'amour, les vaches... et DUBILLARD.

De quoi les vaches vont-elles nous parler ?

ÉRIC VIGNER : "... Où boivent les vaches." est une fantaisie tragi-comique. C'est l'histoire d'un génie. Un touche-à-tout qui arrive à un moment clé de sa vie où on lui demande de réaliser une œuvre à la mesure de son génie. On lui passe commande pour construire la Fontaine des Médicis. Il va en fait construire sa propre fontaine. On va effectuer un voyage à l'intérieur de son œuvre, à l'intérieur d'une variation sur la création mais aussi à l'intérieur d'un clown. C'est un théâtre immédiat, de sensation et drôle. Si ça ne rit pas dans la salle, ce sera raté.

Avec cette adaptation du livre de ROLAND DUBILLARD, vous retrouvez l'auteur de la pièce qui vous a fait connaître : La maison d'os.

E.V. : C'était, pour moi, pour le CDDB, très important de commencer ce nouveau cycle au grand théâtre avec une œuvre de DUBILLARD. Il y a plus de dix ans, nous avions commencé à jouer la Maison d'os dans une usine désaffectée à Issy-les-Moulineaux. Elle a vite remporté un tel succès qu'en 1991, nous avons déménagé sous l'Arche de la Défense. ROLAND DUBILLARD a 80 ans aujourd'hui. Il n'est sans doute pas reconnu comme il devrait l'être. Il est très difficile d'être un auteur contemporain vivant. DUBILLARD est pourtant l'un des plus grands dramaturges comiques. C'est quelqu'un qui aime les jeux de mots, l'humour un peu potache. Un peu comme un Raymond Devos du théâtre. Pour tout dire, DUBILLARD n'appartient à aucune catégorie. Son œuvre est très personnelle. On ne peut pas lui passer commande. Il est très libre. Il aime à penser qu'il vaut mieux parler comme on veut que comme il faut. C'était aussi important de retrouver cette parole libre pour la première pièce de la saison.

La question de l'importance de l'art qui est posée dans cette pièce n'est bien sûr pas sans rapport avec l'actualité des intermittents du spectacle.

E.V. : C'était voulu. On a essayé de réfléchir aussi sur l'utilité de l'art. De ce qu'il apporte aux gens. Le CDDB s'est clairement positionné contre l'accord de réforme de l'assurance chômage des intermittents du spectacle. On ne peut pas accepter de laisser casser la maison. Je pense qu'il est très important de défendre la politique d'un service public. Nous n'avons pas souhaité que le ministre soit présent pour cette première au Grand théâtre. Par ailleurs, un accord a été trouvé avec une coordination des interrnittents pour faire passer leur message lors de la générale de lundi.