TOI COUR, MOI JARDIN
Présentation

CÔTÉ COUR et CÔTÉ JARDIN, désignent respectivement la droite et la gauche de la scène du point de vue du spectateur. Cette appellation vient de la salle des machines, construite en 1659-1662 par GASPARE VIGARANI dans le Palais des Tuileries, située entre Cour et Jardin. Avant la révolution, on se servait des termes côté du roi (jardin) et côté de la reine (cour).
M.FREYDEFONT, (définition du dictionnaire du Théâtre, Bordas.)
"Traiter le texte et la musique non pas en superposition, strates redondantes ou concurrentes, et en tout cas saturées d'informations - comme dans l'opéra ou l'oratorio traditionnel, la voix se déroulant sur un tapis instrumental, l'un étant l'accompagnement de l'autre - mais bien plutôt sur le mode de la succession, le son chassant le sens, le sens naissant du son, et inversement, le texte devenant musique quand il n'en peut plus d'être texte et la musique devenant texte quand elle s'épuise d'être musique, penser texte et musique à la manière d'un courant alternatif, ou de deux fils croisés, chaîne contre trame, point contre point, comme deux états d'une même matière en fusion, le sens, l'opus."
JACQUES REBOTIER, LE DÉSORDRE DES LANGAGES
"Toujours, je me suis intéressé aux sons des mots, à la musicalité des phrases... jusqu'au cri. Le cri fulgurant de Ernesto dans LA PLUIE D'ÉTÉ, le cri de mort de MARTINE CHEVALLIER ou le long cri d'amour de BAJAZET, les acteurs de BRANCUSI CONTRE ETATS-UNIS qui ont cherché la partition musicale dans la rhétorique et dans la langue de la loi. Avec JACQUES REBOTIER, je rencontrai quelqu'un dont ce travail était la préoccupation principale. Il travaille à partir du tissu verbal quotidien, questionne les moments petits et infimes du quotidien. On s'amuse à entendre la langue et à la découvrir à chaque coin de phrase comme si c'était la première fois."
ÉRIC VIGNER
Extrait du parcours
En 1997, Vigner crée TOI COUR, MOI JARDIN de JACQUES REBOTIER au CDDB avec l'ensemble sillage de Brest : philippe arri-blachette, isa lagarde, didier meu, sÉbastien rouillard, ève payeur, vincent thomas et arthur nauzycieL. Jacques Rebotier confie pour la première fois son écriture à un metteur en scène.
"Seize juin. Dans un théâtre. Une langue énorme occupe le plateau. Je la sens tout entière qui m’encombre la bouche. Le théâtre est ma bouche. Le rideau des dents. Un palais, son voile. La luette d’un très jolie lurette. Les plis des pans des lèvres du manteau d’Arlequin ; Le nez-de-scène. J’imagine des personnages phonétiques : labiaux, buccaux, m, b, et p, à l’avant-scène; t et b, près du cadre, où sont aussi quelques r roulés à l’ancienne, la pointe de la langue tout contre la frise que constitue le repli des alvéoles ; des nasales, placées haut dans les cintres ; un l, dos rond, liquide phonique dégouttant à jardin et à cour ; au fond, k et g, ou notre r moderne, écrasant l’air guttural et lointain. Saisir les mots pour ce qu’ils sont : des personnages." [1]
"Toujours, je me suis intéressé aux sons des mots, à la musicalité des phrases… jusqu’au cri. Le cri fulgurant de Ernesto dans LA PLUIE D’ÉTÉ, le cri de mort de Martine Chevalier ou le long cri d’amour de BAJAZET, les acteurs de BRANCUSI CONTRE ÉTATS-UNIS ont cherché la partition musicale dans la rhétorique et dans la langue de la loi. Avec Jacques Rebotier, je rencontrai quelqu’un dont ce travail était la préoccupation principale. Il travaille à partir du tissu verbal quotidien, questionne les moments petits et infimes du quotidien. On s’amuse à entendre la langue et à la découvrir à chaque coin de phrase comme si c’était la première fois."
ÉRIC VIGNER
"poésie ≠ poiein, faire
= faire faire
faire faire (poiein-poiein) È faire x faire = faire2
faire + faire = faire moins
≥ ne rien faire
È NE RIEN FAIRE."
"Créer, rater de peu."
"poésie = langue qui parle toute seule
= langue qui roule sur elle-même
= langue de tout le monde." [1]
"On dit la musique langagière. Oui. Mais langue intraduisible,
message dépourvu de signification.
On conçoit, depuis Hanslick,
par quelles voies la musique s'autosignifie.
Comparons : le langage de la science tend à l'univocité.
Il sensunique.
Le langage de la poésie
caresse chaque mot dans le sens du carrefour de sens.
Plurivoque,
é(qui)voque.
Et la musique donc ?
Infinivoque ? Nullivoque ?
Voque." [1]
"Trou noir.
Non pas la musique elle-même,
mais les contours qu'elle dessine dans l'espace,
et l'au-delà de ses contours dans l'espace.
Musique négative. Musique en creux.
Pour une musique qui serait dans le champ de l'oreille
tout ce qui n'est pas elle-même,
une musique de l'envers,
une musique de sa propre empreinte.
J'enlève; disait Rodin, tout ce qu'il y a en trop." [1]
"Ce sentiment de Valère, pendant les répétitions
que le spectacle a déjà eu lieu, qu'on s'en approche à l'envers.
C'est que, sans doute : dans le temps du quotidien,
répéter, c'est refaire ce qui a eu lieu:
dans le temps de l'artifice du théâtre,
répéter, c'est refaire ce qui n'a pas encore eu lieu.
(D'où aussi cet état semi dépressif quand tout s'est joué,
quand le temps de nouveaux a sauté sur ses pieds, non-lieu.)" [1]
© Photographies : Alain Fonteray
Textes assemblés par Jutta Johanna Weiss
© CDDB-Théâtre de Lorient
Générique & production
Œuvre originale
œuvres musicales:
* NUIT 5, glockenspiel, voix
* FRAGMENT D'UN DICTIONNAIRE DE MUSIQUE, piano, récitant, contrebasse, percussions, clarinette, voix, santour
* LA MUSIQUE ADOUCIT LES SONS, violoncelle et récitant
* DE RIEN, clarinette, tuba, contrebasse et soprano
* TODO BEM, soprano
Générique
Création production
Calendrier
Répétitions & création
Répétitions au CDDB - Théâtre de Lorient (essais lumière et son) | 22 Oct 1997 - 11 Nov 1997 |
Répétitions à Nanterre-Amandiers, salle l'Aquarium | 05 Fév 1998 - 17 Fév 1998 |
Répétitions au CDDB - Théâtre de Lorient | 23 Fév 1998 - 03 Mar 1998 |
Création au CDDB - Théâtre de Lorient | 04 Mar 1998 - 10 Mar 1998 |
En tournée
Festival Nouvelles Scènes · Théâtre de Vienne (Rhône-Alpes) | 13 Mar 1998 |
Le Quartz, Scène nationale de Brest, Petit théâtre | 18 Mar 1998 - 19 Mar 1998 |
Théâtre Molière, Maison de la Poésie à Paris | 23 Mar 1998 - 24 Mar 1998 |
Rendez-vous
Le 25 février, une centaine de personnes ont assisté à une répétition publique. L'occasion de découvrir tout le travail de création, en observant la manière dont le metteur en scène dirige son équipe artistique et technique, l'apprentissage du texte-musical par les musiciens-acteurs, le travail sur les éclairages... Une seconde répétition publique a lieu le 27 février au CDDB.

Rencontre publique autour du thème "Le théâtre et la musique"; avec la participation des musiciens-acteurs, du comédien Arthur Nauzyciel, et de la soprano Isa Lagarde.

Rencontre "Texte-Musique" avec Justine Briggen, thème évoqué : l'utilisation des mots comme matériaux sonores et la relation entre langage parlé, voix et musique chez quelques compositeurs de l'après-guerre.

Communication
CDDB - Théâtre de Lorient
En tournée
Presse

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Matière artistique
LE DÉSORDRE DES LANGAGES · JACQUES REBOTIER
"Seize juin. Dans un théâtre. Une langue énorme occupe le plateau. Je la sens tout entière qui m’encombre la bouche. Le théâtre est ma bouche. Le rideau des dents. Un palais, son voile. La luette d’un très jolie lurette. Les plis des pans des lèvres du...

Le désordre des langages (extrait) · JACQUES REBOTIER
in Détail n°3/4 (1990)
"Traiter le texte et la musique non pas en superposition, strates redondantes ou concurrentes, et en tout cas saturées d'informations - comme dans l'opéra ou l'oratorio traditionnel , la voix se déroulant sur un tapis instrumental, l'un étant l'...

Note d'intention · ÉRIC VIGNER
Propos recueillis par Bénédicte Vigner. CDDB-Théâtre de Lorient · Janvier 1998
"C'est une rencontre qui était en quelque sorte inévitable. Toujours, je me suis intéressé aux sons des mots, à la...

Cour et jardin
ÉRIC VIGNER · Juillet 1997.
"Au théâtre on utilise un procédé mnémotechnique pour désigner la cour et le jardin. On prononce le nom de Jésus-Christ. Je suis dans la salle face à la scène et je me souviens de Jésus-Christ pour désigner le jardin et la cour.
...TOI COUR, MOI JARDIN,.. c'est l'histoire d'un couple....

Ce que l'on dit de JACQUES REBOTIER
Colette Godard - 1994:
Compositeur, musicien, fabriquant de l'absurde à longueur de phrases, JACQUES REBOTIER est un personnage difficile à cerner. Humoriste pince sans rire? Scientifique de la sémantique? Chasseur de langages, de sons? Tout cela et certainement bien d'...

JACQUES REBOTIER à ÉRIC VIGNER
Paris · Novembre 1997
Tiens Éric, regarde un peu là-dedans, cherche, cours, jardine, fouille, fouaille, sors les tripes, textes, musique, fais ton choix dans mon passé-dépassé, voyage là-dessus, et emmène-vous voyager avec, sillonne, sillage, fais-nous en de l'avenir, demande à Philippe!
Sinueux et ludique que je suis...
