Le Télégramme · 27 février 1998 · TOI COUR, MOI JARDIN

Le Télégramme · 27 février 1998 · TOI COUR, MOI JARDIN
"Penser texte et musique comme deux états d'une même matière en fusion"
Presse régionale
Avant-papier
27 Fév 1998
Le Télégramme
Langue: Français
Tous droits réservés

Le Télégramme

27 février 1998

Coexistence pacifique entre musique et texte

C'est mercredi prochain, à 20 h 30, que le Théâtre de Lorient entame les représentations de la nouvelle création d'Eric Vigner, Toi cour, moi jardin.
Le titre fait allusion à l'expression qu'utilisent les hommes de théâtre, "côté cour et côté jardin", pour désigner la droite et la gauche d'une scène vues du public. Mais en l'occurrence, l'appellation concerne le couple que forment ici la musique et l'écriture par la grâce du metteur en scène.

L'idée de cette pièce est venue lors des séjours de Vigner à Brest, qui lui avaient permis de rencontrer Jacques Rebotier, un compositeur qui a écrit sur les rapports entre les deux formes d'expression artistique, et Philippe Arrii-Blachette, fondateur de l'ensemble musical Sillages.
Ils ont donc décidé de faire coexister sur la scène lorientaise textes et notes, avec bien sûr ce qu'il faut de passerelles, dans le cadre de cinq "mini-opéras" baptisés "Nuit 5", "Fragment d'un dictionnaire de musique", "La musique adoucit les sons", "De rien" et "Todo bem", le spectacle s'achevant par quelques morceaux choisis du livre de Rebotier intitulé "Le désordre des langages".

À la manière d'un courant alternatif

Six musiciens et un comédien, Arthur Nauzyciel, déjà bien connu à Lorient, se partagent la scène dans cette oeuvre tout à fait originale qui laisse une large place à l'humour.
Comme l'écrivait Jacques Rebotier, il s'agit de "traiter le texte et la musique non pas en superposition, strates redondantes ou concurrentes, et en tout cas saturées d'informations (comme dans l'opéra ou l'oratorio traditionnel, la voix se déroulant sur un tapis instrumental, l'un étant l'accompagnement de l'autre), mais bien plutôt sur le mode de la succession, le son chassant le sens, le sens naissant du son, et inversement, le texte devenant musique quand il n'en peut .plus d'être texte et la musique devenant texte quand elle s'épuise d'être musique ; penser texte et musique à la manière d'un courant alternatif ou de deux fils croisés, chaîne contre trame, point contre point, comme deux états d'une même matière en fusion..."