Ouest France
27 février 1998
Une création du CDDB sur les rapports entre la musique et le théâtre
La création du Centre dramatique de Bretagne pour 1998 s'intitule Toi cour, moi jardin. Elle réunit six textes et musiques de Jacques Rebotier, mis en scène par Éric Vigner. La première aura lieu mercredi 4 mars.
Les rapports de la musique et du théâtre sont le fil conducteur de la saison 97-98 du CDDB. On l'a vu dans Italienne avec orchestre ou dans Du désavantage du vent. On va le retrouver avec Toi cour, moi jardin, que crée Éric Vigner sur des textes et des musiques de Jacques Rebotier. "Nous nous sommes rencontrés en Bretagne. Comme moi, Rebotier a beaucoup travaillé à Brest, de même que Philippe Arril-Blachette, qui y dirige l'École de musique et l'ensemble contemporain Sillages. Nous avons eu le désir de réaliser quelque chose ensemble. Jusque-là, Rebotier avait toujours mis en scène ses propres oeuvres."
Le titre, Toi cour, moi jardin, est tiré d'un des textes. "C'est une brève, à partir de laquelle on a imaginé le spectacle, dit Éric Vigner. Il y a un comédien, une soprano et cinq musiciens de for- mation classique, à qui on demande de faire aussi un travail de théâtre. Rebotier écrit une musique contemporaine, où les gestes sont inscrits sur la partition. Il part de petites choses et il les transforme de façon ludique. C'est accessible à tous: on l'a bien vu aux répétitions publiques. Les gens accrochent facilement, même ceux qui ne viennent jamais au théâtre."
Pour Éric Vigner, il s'agit aussi de montrer le décalage entre la musique telle qu'on la fait, la musique vivante jouée en direct par les musiciens, et la musique qu'on entend partout, en CD, à la radio, dans les ascenseurs et les magasins : "La musique vivante est happée par la technologie."
Dans le spectacle, la musique mange le texte, qui devient lui- même musique, "le son chassant le sens, le sens naissant du son et inversement", selon Rebotier lui-même.
Travail sur le son autant que sur le sens, Toi cour, moi jardin suscitera sans doute des interrogations, voire une certaine perplexité. Mais peut-être est-ce le but recherché, autant côté cour que côté jardin...