2014 · Chatting with Henri Matisse
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Chatting with Henri Matisse est la retranscription de conversations que le chef de file du fauvisme a eues en 1941 durant la seconde guerre mondiale avec le critique d'art Pierre Courthion. Le peintre s'était alors livré sans retenue sur sa carrière, ce qu'il n'avait encore jamais fait. Il y parle du temps où il était élève dans l'atelier de Gustave Moreau, raconte ses relations avec les collectionneurs, discute des auteurs, des musiciens, des politiques de son époque, et de ses voyages. Il évoque aussi La Danse, son travail pour l'opéra et pour d'autres formes scéniques. Malgré la parution programmée de ces conversations, ce précieux témoignage demeurait inaccessible. Plus de 70 ans plus tard, le public le découvre enfin lorsqu'elles sont publiées pour la première fois par Tate Publishing en 2013 en anglais.
"On pénètre au Musée d'art moderne de la Ville de Paris où, pour trois soirs seulement, se donne Chatting with Henri Matisse (En conversant avec Henri Matisse). ll s'agit d'un entretien recueilli, à la demande de l'éditeur d'art Albert Skira, par le critique Pierre Courthion, en 1941. Une série d'entretiens, très touchants, demeurés inedits en France mais que Tate Publishing a édités, en traduction anglaise, en 2013, avec comme sous-titre "The Lost 1941 lnterview". Une interview qui n'est donc plus perdue, mais qui revit grâce à Éric Vigner. On le sait. Le directeur du Théâtre de Lorient, Centre dramatique national, s'intéresse beaucoup aux questions qui concernent la peinture, les arts plastiques, le statut de l'objet d'art. En ce même Musée d'art moderne de la Ville de Paris, il avait repris, en avril 2013, un travail présenté dans une première version, des années auparavant, en 1996, dans le cadre du 50ème Festival d'Avignon. Brancusi contre États-Unis posait le problème de la définition même de l'œuvre d'art en une abracadabrante et instructive affaire de sortie de territoire..." Cette fois, dans la magnifique salle dite "Henri Matisse", sous la monumentale fresque de La Danse, il donne donc la parole au peintre qui a alors 71 ans. En pleine Occupation, lui qui vit depuis des années à Nice, est à Lyon. ll se relève d'une convalescence de trois mois, après une grave opération qui I'a beaucoup fatigué. Mais au fil des entretiens et des détails que donne Pierre Courthion, on le voit retrouver santé, appétit, curiosité pour la vie. ll parle avec cette simplicité et cette profondeur qui est souvent la marque des peintres : ils en savent plus que beaucoup d'artistes d'autres disciplines et il y a en eux une vision éclairante et fertile.
Armelle Héliot, L'Avant-scène, 1 février 2015
"Renoir s’est arrêté sur une petit toile que j'ai peinte dans ma chambre à l'hôtel "beau rivage" à Nice. Cette toile représentait l'intérieur de ma chambre et on pouvait voir à travers la fenêtre ouverte un palmier tordu par le vent, la mer retroussée, gris argenté, et à l'intérieur de la chambre, les rideaux de la fenêtre et son encadrement en acajou foncé. Renoir fut tout-à-fait surpris de constater que la valeur la plus forte de mon tableau était cet encadrement en acajou qui était le ton le plus foncé de l’ensemble; il fut surpris de voir que ce ton foncé ne venait pas au premier plan, mais restait bien à la distance indiquée par sa position dans la pièce. Il me fit mettre la toile assez loin de lui pour l’examiner puis la fit rapporter près de lui et me dit: ”Mais comment faites-vous donc? Si je mettais un noir comme ça dans mon tableau, ce noir viendrait en avant”. Je n’ai pas su trouver tout de suite une explication mais cela s’explique très simplement : c’est une combinaison de forces qui constitue la toile. Et c’est je crois aussi la sensation d’espace que j’ai toujours devant les modèles que j’observe et qui me fait même me placer dans cet espace. Cet espace est construit avec un ensemble de forces qui n’a rien à voir avec la copie directe de la nature. Il me serait difficile de m’expliquer plus complètement, parce qu’il rentre dans cette construction une grande partie d’instinct bien mystérieuse."[1]
Henri Matisse
"Agathe Bonitzer se révèle intime et pure comme les questions adressées à Jean-Michel Ribes. À l'élégance qui la sublime, Agathe semble s'être évadée du tableau La Danse. Jean-Michel Ribes, au regard des réponses formulées au critique, s'exprime comme s'il avait intimement fréquenté le peintre. L'exercice se définit en un mot, subtil."
Philippe Delhumeau, La Russie francophone, 05 janvier 2015
© Photographies : Alain Fonteray, Stephane Buttigieg
Textes assemblés par Jutta Johanna Weiss