Ouest France · Caen
15 mai 2012
La Place royale de Corneille aux Cordes · Caen
Cette pièce de jeunesse de l'auteur du Cid est le premier volet d'un travail d'Éric Vigner sur trois écritures dramatiques.
"Académie"
Éric Vigner, scénographe, metteur en scène de théâtre et d'opéra est directeur de la scène nationale de Lorient depuis 1996. Il y a créé L'Académie, projet expérimental réunissant sept acteurs de pays différents (Corée, Maroc, Roumanie, Mali, Israël, Belgique, Allemagne). Il en fait un "espace de transmission et un laboratoire de théâtre".
Trilogie
Les trois textes de la trilogie ont été travaillés en même temps par la compagnie. Outre La Place royale, les acteurs ont abordé Guantanamo de Frank Smith et La faculté de Christophe Honoré (programmée au festival d'Avignon 2012), deux auteurs d'aujourd'hui, de la même génération. Le premier et né en 1968, le second en 1970. D'après Éric Vigner, "ils renvoient, diversement, au monde d'hier et à celui d'aujourd'hui, à nos préoccupations nouvelles et à notre mémoire de l'histoire. Ils empruntent à plusieurs genres : la comédie classique du XVIIe siècle, le témoignage littéraire sur les interrogatoires menés dans le camp de Guantánamo, le drame contemporain, urbain, situé dans la banlieue parisienne..."
Une pièce sur la jeunesse
Éric Vigner revient à La Place royale qu'il avait déjà mise en scène à la fin de ses études au Conservatoire, en 1986, avec sept acteurs de sa promotion (dont Denis Podalydès). Cette pièce de jeunesse sur la jeunesse a été écrite en 1634, alors que Corneille n'a que 28 ans, deux ans avant L'Illusion comique. Sous-titrée L'amoureux extravagant, La Place royale conte les atermoiements d'Alidor, qui aime Angélique, sans toutefois pouvoir se résoudre à l'idée d'un mariage qui mettrait en péril sa liberté.
Alexandrins
On retrouve dans ce spectacle la dimension visuelle propre aux mises en scène d'Éric Vigner, plasticien de formation, et le soin qu'il apporte au texte et à son incarnation. Les alexandrins de Corneille se frottent aux accents des jeunes comédiens de L'Académie. Cela n'en souligne que mieux la modernité de cette pièce qui marque la naissance du héros cornélien, brillante et réjouissante méditation sur l'amour et la liberté.