Théâtral Magazine
Septembre octobre 2008 · Fabien Spillmann
Le ravissement de Rémi
En cette rentrée théâtrale, RÉMI DE VOS semble sur tous les fronts. Avec son texte Beyrouth Hôtel mis en scène et joué par Niels Arestrup en octobre. Avec sa nouvelle traduction d'Othello bientôt à l'affiche de l'Odéon.
En mars dernier, il était encore plongé avec Éric Vigner dans la traduction d'Othello après six mois de travail intense. Puis de mars à debut juin, c'etait l'écriture du Ravissement d'Adele qui a été creé au théâtre du Peuple à Bussang cet été et qu'il a "rendu au dernier moment cornrne toujours car il me faut le stress de la date butoir". Enfin, il y a cette autre pièce à rendre en octobre-novembre, et cette autre pour Christophe Rauck, le directeur du théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis sur laquelle il ne peut encore rien dire. Tout va bien donc pour RÉMI DE VOS et il est le premier à le reconnaître.
"J'ai beaucoup de chance" d'autant plus qu'il vient "d'une famille où on ne s'intéresse pas du tout au théâtre". Jusqu'à ce qu'une de ses profs de français monte l'Avare de Molière. "Je jouais Harpagon cela a été une révélation". De 15 à 18 ans, il commence à assouvir sa nouvelle passion en amateur. Puis le baccalaureat en poche, il quitte Dunkerque pour Paris où il suit des cours de théâtre "Une vraie catastrophe !" Travaillant la nuit pour les payer, RÉMI DE VOS mène une vie de "chien fou". Mais il rompt brutalement avec ce milieu pendant une dizaine d'années et multiplie les metiers en tout genre. "J'avais perdu ce qui était ma passion. J'étais totalement cuit à 30 ans. Nettoyé, lavé complètement du théâtre."
Et puis, il accepte de suivre un stage au Théâtre Paris-Villette fin 1993 que lui propose une ancienne amie actrice. Destiné à des acteurs, ce stage devient pour lui l'occasion d'une première expérience d'auteur, " j'avais le sens des dialogues alors que je n'avais jamais ecrit de ma vie". Ses textes reçoivent un prix de la Fondation Beaumarchais et constituent l'ossature de sa première pièce, Débrayage en 1995.
Tout s'enchaîne tres vite. Il rencontre Éric Vigner qui prend ses fonctions à Lorient et qui lui propose de la monter "Pour un auteur, la rencontre avec un metteur en scène, c'est toujours une chance. Sans fric, j'aurais peut-être même laissé tomber. Et puis il y a le coup de main donné à Michel Vuillermoz, Loic Houdré et Denis Podalydès sur l'écriture d'André le Magnifique qui reçoit plusieurs Molières." Mais aussi l'experience concrète du rire ! Un humour qui est l'une des marques de fabrique de son écriture. Depuis ses débuts, RÉMI DE VOS n'écrit que sur commande de metteurs en scène du subventionné. Quant à mettre en scène ses propres textes "Peut-être un jour mais dans le théâtre public parce que je n'ai ni l'énergie, ni l'envie de passer un ou deux ans de ma vie à faire la danse du ventre dans les bureaux d'un directeur de lieu."