Le Télégramme
4 octobre 2008 · ISABELLE NIVET
Un café avec RÉMI DE VOS aujourd'hui
Un chantier au long cours, six mois de travail, sept heures par jour. Pour traduire Shakespeare, il faut plus qu'un dictionnaire. "Un gros boulot de lecture de thèses, d'analyses, de commentaires pour saisir les références. Des coups de téléphone en Angleterre à mon traducteur pour confirmer un mot. Des choix en permanence". Pas question de lire d'autres traductions, sauf pour vérifier un passage difficile, les deux hommes restent au plus près du sens de la phrase ; une version ni trop littérale ni trop poétique. "Une langue moderne, pas du pseudo modernisme, ni une adaptation libre. J'ai mis ma façon personnelle d'écrire au placard. Nous sommes restés humbles".
Écrit pour les acteurs par des acteurs
"Les acteurs ont senti tout de suite que c'était écrit pour eux. Nous avions ça constamment à l'esprit. Trouver un rythme, un son, une musicalité, écrire en français un texte qui serait possible pour des acteurs français, avec les syllabes, le souffle, la sonorité. Garder le génie de Shakespeare de ne pas tout charger, pour qu'il y ait des respirations, reproduire les jeux avec les sonorités... C'est la confiance qui permet d'obtenir le meilleur".
Un travail en duo avec Éric Vigner, dont deux fois quinze jours à Guidel en immersion "Il fallait trouver entre nous une complémentarité, un fonctionnement implicite, un dialogue sans mots, des regards, des interrogations. Le texte, qui se dévide, reçoit l'assentiment phrase après phrase. Un travail basé sur la confiance. Je ne l'aurais jamais fait tout seul, même si j'ai déjà fait pas mal de traductions". Le texte d'Othello est paru hier aux Editions Descartes.