Theatre-contemporain.net · 9 novembre 2011 · GUANTANAMO

Theatre-contemporain.net · 9 novembre 2011 · GUANTANAMO
Guantanamo met à nu une implacable logique rhétorique.
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09 Nov 2011
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9 novembre 2011

Guantanamo

Adaptation de Éric Vigner

Le 3 octobre 2010, le metteur en scène ÉRIC VIGNER, directeur du CDDB - Théâtre de Lorient, Centre Dramatique National, crée L’Académie : une "petite démocratie" regroupant pour trois ans sept jeunes acteurs originaires du Maroc, de Corée du Sud, de Roumanie, d’Allemagne, de Belgique, du Mali et d’Israël. Espace d’expérimentation, de transmission et de production théâtrale, l’Académie confronte les langues et les expériences de chacun aux regards croisés de l’écriture classique et des écritures contemporaines.

Après LA PLACE ROYALE, comédie de CORNEILLE (1634), et en attendant LA FACULTÉ, de CHRISTOPHE HONORÉ, GUANTANAMO est une adaptation du texte publié par FRANK SMITH, en 2010, aux éditions du Seuil, du nom d’un centre de détention installé par les États-Unis à Cuba au lendemain du 11 Septembre et devenu, depuis, tristement célèbre.

En 2006, au nom de la liberté d'information (Freedom of Information Act), l’administration américaine rendait publics trois cent dix-sept contre-interrogatoires de prisonniers suspectés de terrorisme. FRANK SMITH s’en est emparé pour en faire une succession de "récitatifs" : une litanie de témoignages et de noms égrenés dans une langue neutre, sans apparente volonté de juger. Ainsi transférée dans le domaine de la fiction, cette langue blanche propre aux procès-verbaux en vient à évoquer par moments celles de MARGUERITE DURAS ou CHARLES REZNIKOFF. Elle permet justement de libérer toute la charge évocatrice, politique et poétique, de ces récits hors du commun, si difficiles à saisir, et ne rend que plus éloquentes les destinées de ces bergers ou jardiniers venus du Yémen ou d’Ouzbékistan et pris dans le tourbillon d’un système qui les dépasse et finalement les broie.

Évoluant entre théâtre, composition sonore et installation plastique, ce spectacle où l’on retrouve la beauté visuelle propre aux mises en scène d’ÉRIC VIGNER, plasticien de formation, et le soin qu’il apporte au texte et au jeu, met à nu une implacable logique rhétorique, dans laquelle l’absurde est une composante de l’horreur, et où l’absence de commentaire permet de mieux dire l’innommable.