Le Télégramme
5 novembre 2000
Le RHINOCÉROS de VIGNER à Lorient
Le patron du CDDB livre sa version de la pièce de IONESCO.
"IONESCO a été catalogué poète de l'absurde. Pour moi, c'est un auteur beaucoup plus intéressant, à l'influence beaucoup plus large."
Après Marion de Lorme de Victor Hugo et L'école des femmes de Molière, Éric VIGNER s'attaque au Rhinocéros, crée en 1960 à l'Odéon par Eugène IONESCO.
Un projet qu'il n'a mis en chantier que très récemment. En effet, au printemps dernier, VIGNER ne savait toujours pas s'il allait, ou non, ouvrir la saison du Centre dramatique de Bretagne à Lorient. Déjà pris a l'opéra de Lausanne, où le 31 décembre prochain il créera La Didone de Cavalli, le metteur en scène a, finalement, été inspiré par un élément de décor de cet opéra qui l'a amené jusqu'au RHINOCÉROS.
"J'ai conçu celui de la pièce, raconte ÉRIC VIGNER, revenant ainsi à mes premières amours, les arts plastiques." Ce décor du RHINOCÉROS de IONESCO, superbe mais tenu secret, a été fabriqué, l'été dernier, par l'équipe du centre dramatique. "Dans sa pièce, IONESCO montre comment des individus finissent par adhérer à des comportements collectifs qu'ils soient totalitaires ou sectaires." Tous les habitants d'une petite ville de province se métamorphosent en RHINOCÉROS. Sauf un personnage, Béranger, dont le rôle sera tenu par Jean-Damien Barbin, l'un des éléments d'une superbe distribution. Éric VIGNER réunit sur scène Nathalie Lacroix, Francis Leplé, Jean-François Perrier, Jean-Baptiste Sastre, ainsi que Thomas Roux et Jutta Johanna Weiss qui campaient le couple Saverny-Marion dans Marion de Lorme.
"La pièce, tantôt drôle, tantôt tragique, n'apporte pas de réponse, explique le patron du théâtre de Lorient. Les personnages y sont profondément humains, avec leurs défauts. Ce ne sont pas forcément des héros. RHINOCÉROS nous permet de poursuivre notre travail sur l'homme dans toute sa diversité. En compagnie d'un auteur majeur du XXe siècle, dont la famille d'origine roumaine a, justement, fui le totalitarisme."