Le Télégramme
3 novembre 2000 · Olivier Scaglia
Le rhino féroce d'Éric VIGNER
" Un RHINOCÉROS, d'après le RHINOCÉROS de IONESCO" : intransigeant dans son art, presque féroce Éric VIGNER veut, avec cette nouvelle création maison, réaffirmer la notion d'auteur dans la mise en scène.
De Lausannne à Lorient
De Lausanne à Lorient. De l'opéra La Didone au RHINOCÉROS. Point commun ? ÉRIC VIGNER et des décors. "Il y a un an on m'a proposé de monter un opéra lyrique à Lausanne. Dans ce contrat de mise en scène, j'ai souhaité travailler sur l'espace, la plastique. J'ai voulu que le chantier de construction de la scénographie soit à Lorient pour cette commande". L'équipe y bosse depuis cet été.
À force de croiser les décors de sa "Didone suisse", ÉRIC VIGNER a eu l'idée d'une création lorientaise. On comprend en voyant. Même si cela paraît un peu court. "J'ai eu envie de relire IONESCO".
Univers fertile
"En montant RHINOCÉROS, je n'ai pas cherché à revisiter IONESCO. C'est simplement très motivant d'avoir des auteurs qui travaillent sur l'ouverture, la fantaisie", explique ÉRIC VIGNER. "L'écriture de IONESCO permet de développer un univers qui laisse leur place aux décorateurs, aux créateurs". Une programmation en forme de lieu commun ?
"La pièce n'a pas été montée depuis 40 ans", répond ÉRIC VIGNER. Le metteur en scène lorientais revendique par ailleurs le droit de s'attacher à la forme : "Ce RHINOCÉROS est écrit d'après le RHINOCÉROS de IONESCO. Ce qui ne veut pas dire nier l'auteur".
Terriblement d'actualité
L'interprétation courante de RHINOCÉROS renvoie à une sévère critique des systèmes fascisants (outre son caractère atemporel, elle puise toute sa force dans le parti pris "absurdiste", voire humoristique du ton). Ce message, le metteur en scène le veut d'actualité : en dépassant la volonté initiale de l'auteur et en lisant une critique de la mondialisation, "en tant qu'uniformisation de la représentation du monde".
Pour commencer la briser ÉRIC VIGNER réserve quelques surprises aux spectateurs.