Les Inrockuptibles
9 janvier 2007 · Patrick Sourd
Entre deuil drolatique et huis clos psychanalytique, le metteur en scène ÉRIC VIGNER redonne ses lettres de noblesse à un comique de situation.
Carte blanche laissée aux extravagances d'un artiste faisant largement appel aux standards pop d'une déco criarde labellisée 70's, ce salon aux emmarchements soigneusement moquettés et cette immense baie vitrée qui s'ouvre sur la perspective bouchée d'un haut mur de pierres font à eux seuls de l'espace conçu par ÉRIC VIGNER un petit bijou d'humour scénographique. S'amusant de cet intérieur hors norme qu'il grossit aux proportions d'une officine des pompes funèbres, le metteur en scène donne immédiatement le ton décalé de cette soirée dédiée à un enterrement, en rameutant à ses côtés les fans orphelins de la défunte série SIX FEET UNDER.
Le décès de sa grand-mère amène un jeune homme (MICHA LESCOT) à retourner sur les lieux de son enfance. Mais la cérémonie du deuil tourne au cauchemar lorsque l'urne contenant les cendres de la mamie lui échappe des mains. Notre héros devra alors développer des trésors d'ingéniosité pour échapper aux griffes des deux mantes religieuses qui l'entourent: une mère aussi paranoïaque que tyrannique (CATHERINE JACOB) et une petite amie (CLAUDE PERRON) qui ne désespère pas de pouvoir l'épouser en monnayant son silence sur cette coupable maladresse.
Avec ce texte ciselé à plaisir, RÉMI DE VOS remet au goût du jour la mécanique jubilatoire du vaudeville. Un exercice de style qui, à travers l'excellence d'un trio d'acteurs impeccables, confirme ÉRIC VIGNER en grand exégète de la comédie pince-sans-rire: "J'aime beaucoup ces histoires tragi-comiques où l'on ne sait pas trop sur quel pied danser. C'est une sorte de comédie, d'humour noir contemporain. On ne peut s'empêcher de rire. L'écriture est très simple. C'est une mécanique implacable, rythmée, digne de FEYDEAU. C'est une histoire de fous, une plongée dans l'inconscient."