Le Quotidien du Médecin
31 janvier 2007 · A. H.
Une cocasserie fantastique
UNE PIÈCE qui tient de Feydeau mais aussi des contes. Une mise en scène d'Éric Vigner. Elle est sophistiquée et joue du burlesque et de la surréalité. Trois comédiens épatants, Catherine Jacob, Claude Perron, Micha Lescot.
La fable est simple. Un fils est revenu chez sa mère pour l'enterrement de la grand-mère. Une douce amie d'autrefois passera tout à l'heure et laissera choir l'urne contenant les cendres encore tièdes de l'aïeule.
L'épisode est macabre. Comment cacher cela à maman ? Très vite l'action, comme la manière dont Éric Vigner dirige les interprètes, tourne au fantastique. Les mouvements, les gestes chorégraphiés, la manière de dire, tout ici arrache l'anecdote à tout réalisme, et l'on est du côté d'un burlesque très étrange à coloration de conte.
Un immense décor, des déplacements réglés avec grâce, et le charme de trois interprètes épatants. Claude Perron, l'amie d'enfance qui a toujours aimé le grand jeune homme, est parfaite. Catherine Jacob, mère magnifique, qui se compose une petite voix de castratrice, beauté heureuse, est remarquable. Micha Lescot, petite veste trop courte tout près du corps, a l'élégance d'un danseur, l'intelligence d'un maître du burlesque. Il est poétique et irrésistible. Il s'amuse, il glisse, il vole. Un comédien de très haut vol à applaudir d'urgence. Mais sans doute l'écriture aurait-elle plus de force si la mise en scène n'en ajoutait pas un peu. Reste que ça marche ! Le public semble conquis.