César
décembre 2006 · AF
Jusqu'à ce que la mort nous sépare
Lorsque Éric Vigner met en scène un texte de Rémi de Vos, il entre de plain-pied dans sa matière singulière. Jusqu'à ce que la mort nous sépare semble écrit comme une pièce de boulevard : une mère, son fils et sa fiancée jouent un trio banal où le mensonge initial entraîne chacun dans une surenchère absurde et drôle ; Catherine Jacob, star des écrans, est aussi une comédienne de théâtre accomplie qui joue merveilleusement de sa petite voix et de ses prétendus renoncements, toujours féroces.
Mais la mécanique du boulevard est d'emblée gauchie, minée par des silences trop longs, des bruits inattendus, des comportements absurdes qui détruisent les lieux communs ; par la présence constamment surréaliste de Micha Lescot, silhouette si longiligne qu'elle apparaît comme impossible ; et surtout par l'introduction dans cette intrigue de boulevard, à la place de l'amant encombrant, d'une urne funéraire, enjeu de tous les mensonges, au centre des regards forcément désorientés.
Un spectacle étrange, entre deux mondes, qui agit comme un souvenir déformé.