DÉTAIL SUR LA MARCHE ARRIÈRE

"Parachutée par hasard, avec un ami dans une propriété au fin fond de la Champagne, me voici dans une fête assistant aux vingt ans du fils de la maison que nous ne connaissions absolument pas. Sur une musique de mariage à en déprimer plus d'un (Big Bisou, La Macarena, Aline etc.), des physiques atypiques réinventaient la danse dans un chaos festif - mélange subtil de bourrée rudimentaire et de danses de salon. Le spectaculaire et le minable se côtoyaient de manière obscène et jubilatoire. Ça déambulait. Ça hurlait. Ça se trémoussait. Et je me disais que c'était étrangement marrant de voir l'animal transparaître sous l'humain. Qui ne s'est jamais retrouvé dans une soirée, coincé entre l'envie de participer et la crainte du ridicule ? Ce soir, les festivités sont ouvertes, une chanteuse singulière nous accueille. Madame B ouvre les portes du dancing : têtes de mort en paillettes, bas résilles, santiags brodées, les femmes sont parées ; dans l'ombre les hommes attendent. Sur un mur de strass se détache un homme orchestre. Madison décalé, twist larmoyant, samba expressionniste, les danses vont s'enchaîner. De conversations ébauches en confidences ratées, la parole circule à l'insu des danseurs."
SOPHIE PEREZ, avril 2001