LE VOYAGE DE SETH

Pour créer un opéra comme LE VOYAGE DE SETH, il faut un texte (le livret), une composition musicale (les partitions), mais avant tout des opportunités, des rencontres...

L'École Nationale de Musique et de Danse de Lorient a accueilli en résidence le compositeur PHILIPPE DULAT en 1999, dans le cadre du 333ème anniversaire de la Ville de Lorient. En séjournant à Lorient, PHILIPPE DULAT a pu composer FORTUNE DES INDES d'après des textes de YANN LUKAS. Il a pu aussi mûrir son projet d'opéra pour enfants LE VOYAGE DE SETH. Le livret était déjà fait puisque PHILIPPE DULAT avait trouvé sa source d'inspiration dans une bibliothèque de Madrid, une vieille légende espagnole : RAZIEL, Y EL ÀRBOL DE LA VIDA. L'opportunité s'est présentée de faire aboutir ce projet à Lorient. La Ville de Lorient, par l'intermédiaire de son École Nationale de Musique et de Danse a sollicité la collaboration du CDDB-Théâtre de Lorient pour accueillir cet opéra. PHILIPPE DULAT en a composé la musique durant sa résidence et rencontré ARTHUR NAUZYCIEL, artiste associé au CDDB. 

La force de ce projet est aussi d'associer une équipe professionnelle à une centaine de participants amateurs et professionnels de Lorient : instrumentistes, chorales d'enfants et d'adolescents, élèves d'écoles primaires...

"L'HISTOIRE. Adam - le premier homme - va mourir; angoissé à cette idée si neuve pour un être humain, il se souvient, au cours d'un songe, du bonheur et de la sérénité qu'il avait éprouvé sous l'Arbre de Vie au Paradis... Il charge son troisième fils Seth de lui ramener une branche de l'arbre, afin qu'il puisse mourir en paix; commence alors un voyage initiatique..."
PHILIPPE DULAT

"Le premier spectacle de ma compagnie, LE MALADE IMAGINAIRE OU LE SILENCE DE MOLIÈRE est une pièce sur la succession, la transmission et l'acceptation de la mort. Ce travail m'a fait accéder à quelque chose : la fin, le deuil de l'enfance, le passage à l'âge adulte, à la responsabilité.
LE VOYAGE DE SETH est la continuité logique de ce spectacle. LE VOYAGE DE SETH c'est l'enfance, et la nostalgie de l'enfance. Je suis né avec la peur du voyage au ventre et je ne cesse de voyager, mon enfance est toujours en train de renaître dans le lieu le plus étranger. Chanté par des enfants : les images qui me viennent sont celles de cet autre opéra avec des enfants, BUNDIBAR créé dans le camp de Terezin. La marelle du ghetto de Varsovie, "pogrom" à la place du ciel...Et les noms et les lumières des enfants de Yad Vashem, mémorial de la déportation à Jérusalem, les empilements de chaussures d'Auschwitz. Les oeuvres de BOLTANSKI, LA NUIT DU CHASSEUR de CHARLES LAUGHTON, la révolution et les oreillers crevés de ZÉRO DE CONDUITE. Cette enfance-là aussi m'intéresse, parce qu'à la fin du VOYAGE DE SETH, il y a cet ange, cette libération, cette lumière. C'est l'accès à quelque chose, une connaissance, un espoir. Il faut bien partir des ténèbres pour accéder à la lumière ! Pas de légèreté sans gravité, pas de blanc sans noir. Les enfants du VOYAGE DE SETH ne sont pas dupes. Il savent qu'ils chantent LE VOYAGE DE SETH quand tant d'autres de leur âge, à quelques heures d'avion, meurent de faim ou sous les bombes...Ils savent dans quel monde ils vivent, s'amusent avec, jouent de leurs peurs, et nous montrent comment ils se débrouillent avec tout ça. Finalement ils nous disent : "tout va bien, on sait, on est grand, on s'en sortira toujours". Et c'est cet optimisme, cette force et cette inconscience qui émeuvent."
ARTHUR NAUZYCIEL