Présentation de projet · Film "Ce que raconte Ernesto" · LA PLUIE D'ÉTÉ
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Extraits du dossier de présentation du film "Ce que raconte Ernesto"
Avec l'image d'un train qui s'éloigne sur un quai de la gare de l'Est, la voix de MARGUERITE DURAS commence à raconter comment elle a été amené à écrire La Pluie d'Eté.
Dans le train, sur une banquette, un livre abandonné : une main le ramasse.
Sur une scène, Ernesto-acteur distribue un livre aux autres acteurs ; ils sont filmés en gros plans, comme le visage attentif du metteur en scène Éric Vigner qui assiste à la répétition.
Dans le train, les comédiens achèvent de s'installer, le livre à la main. Vus du train des paysages de l'Europe de l'Est défilent et MARGUERITE DURAS (off) commence à raconter l'histoire d'Ernesto telle qu'elle la perçoit aujourd'hui et au théâtre. Éric Vigner, le cahier de mise en scène en main se souvient parfois de ses choix de narration, de mise en image (voix intérieure). Jean-Baptiste Sastre, l'acteur d'Ernesto, le regarde derrière la porte du compartiment, puis s'éloigne dans le couloir.
À Paris dans le théâtre du Conservatoire, les moments clés de la pièce de théâtre sont recréés pour la caméra. Les moments essentiels de l'histoire d'Ernesto seront liés entre eux par les séquences tournées en dehors du théâtre (dans le train essentiellement), qui constitueront une continuité avec la narration.
L'histoire d'Ernesto sera ainsi racontée par un montage de moments théâtraux filmés, sur scène, dans le train, éclairés par le regard qu'y porte l'auteur, pendant le trajet supposé d'une douzaine d'heures entre Paris, (la banlieue de Vitry, le lieu de la pièce) et l'Europe de l'Est, (les paysages de la mémoire de la pièce).
"Ce que raconte Ernesto", c'est comment ne "rien regretter" quand les désirs d'enfance, d'amour, de Dieu, de connaissance sont consumés dans la plus grande liberté de la solitude, dans la plus grande intensité, jusqu'à découvrir que la vie c'est survivre à la douleur de se séparer de sa propre enfance ; de l'amour - celui de la mère ; celui incestueux de la soeur - ; c'est découvrir "... la vérité... L'inexistence de Dieu" ; c'est être tout de suite mis dans l'évidence que "tout est vanité".
Personnage d'un conte initiatique contemporain dans une banlieue, Ernesto est un des personnages les plus ambitieux de MARGUERITE DURAS. Via sa découverte solitaire de la lecture et de l'écriture grâce au Livre, à l'Ecclésiaste, l'histoire d'Ernesto s'identifie aussi à la quête du "Fils de David, roi d'Israël", de son peuple jusqu'à la Shoah, et par-là, pour MARGUERITE DURAS, "c'est l'être humain (...) qui est le plus proche de la Sainteté que j'ai jamais rencontré. Une Sainteté avide, complètement solitaire, et probablement sans lecture, sans rite, sans messe, ...".
(...)
ÉRIC VIGNER : le passeur , l'explorateur de théâtre.
Pour lui et sa compagnie, la pièce constitue un "manifeste poétique". Jeune metteur en scène révélé après LA MAISON D'OS de ROLAND Dubillard, avec une compagnie nomade, sans lieu institutionnel, avec des comédiens débutants, ÉRIC VIGNER réussit à adapter la Pluie d'été quasi intégralement, avec sa palette qui court de l'humour à la plus grande gravité en passant par la naïveté, l'ironie et la tendresse, sans tomber dans le piège de faire "à la manière de" son auteur. Son travail trouve ses repères dans la quête d'une forme d'idéal du théâtre au plus près de l'attention concrète aux mots, aux corps des comédiens, aux lieux et aux conditions de représentation, sans emphase, sans provocation.
Cela se traduit par un travail sur la mémoire des formes empruntées à d'autres registres (cinéma, BD, ...), sur les décalages de jeu, par une recherche des conditions limites de représentation, entre la lecture et le tableau, où l'espace scénique est affranchi du plateau pour envahir l'espace entier du théâtre, spectateurs compris.
C'est à partir de cette quête, de ce questionnement, en dialogue avec MARGUERITE DURAS, en répétition, qu'ÉRIC VIGNER va devenir le passeur entre l'auteur, le texte, son personnage et le spectateur, et va offrir sa lecture du récit d'Ernesto sous le signe de l'espoir ("Une fois, il ne regretta pas./ Plus rien il regretta"...).
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