"Il fallait retraduire ce texte, en trouver la langue. Pour cela, je voulais travailler avec un(e) auteur(e) de ma génération, avec qui j’avais un univers commun ; qui, comme moi, s’intéresse à la neige, la glace, aux fantômes, à l’intime et aux histoires familiales, aux voyages et au bout du monde, visible ou invisible. Je cherchais...
ORDET
Présentation
"Là où je vais vous ne pouvez pas aller."
KAJ MUNK, ORDET
Ordet ("la parole" en danois) est l'histoire d'un miracle. Deux familles et communautés religieuses opposées dans leurs convictions vont être confrontées à la mort, puis à la résurrection. Ce n'est pas une pièce "religieuse". C'est un suspense métaphysique, une histoire d'amour. Un entre-deux monde qui pose la question de la croyance, de la force de vie, des rapports de l'individu et du collectif. KAJ MUNK n'affirme rien mais sème le doute. Il n'y a pas de parole juste mais celles de ceux qui croient et celles de ceux qui ne peuvent plus croire, celles de ceux qui espèrent et celles de ceux qui ont perdu tout espoir.
"Si ORDET bouleverse autant, c’est qu’on s’y réunit pour combattre la mort et l’extrémisme, qu’on y fait ce qu’on peut avec ses moyens d’humains, et que c’est au moment où rien ne semble plus possible, que justement, quelque chose arrive: un miracle, un rêve, c’est impossible à nommer. Et ce serait à la fois un signe de l’existence de Dieu, une confiance absolue dans l’homme et sa capacité à aimer et à inventer avec d’autres, le privilège de l’artiste que de réparer l’injustice de la vie avant la mort et de faire du théâtre le lieu de tous les possibles. En ça, le miracle ne nous interroge pas que dans notre rapport à Dieu. Si le miracle est théâtral, il nous rappelle son impossibilité dans le réel et nous renvoie à notre condition de mortels. Nous savons qu’il n’y a pas de miracle sur cette terre : nous devons accepter notre monde visible et notre temps fini comme une réalité, et tenter d’y être heureux, ici et maintenant."
ARTHUR NAUZYCIEL
Extrait du parcours
En Juillet 2008, Vigner réinvestit le Cloître des Carmes au Festival d’Avignon, deux ans après PLUIE D’ÉTÉ À HIROSHIMA. Cette fois il réalise le décor pour ORDET de KAJ MUNK, mise en scène par ARTHUR NAUZYCIEL.
ORDET (la parole) est l'histoire d'un miracle, d'une résurrection, une pièce dont CARL THEODOR DREYER a fait en son temps une perle cinématographique.
Pour le décor d’ORDET, Éric Vigner crée une vibration lumineuse, panoramique, des reflets d’éclats métalliques, où dominent la glace et les fjords, où souffle un vent qui vous pénètre jusque dans les entrailles. Le rapport élémentaire entre les formes et les matières permet de plonger dans un univers archaïque. Le monde décrit dans la pièce par MUNK trouve ici une forme contemporaine et évocatrice qui fait agir les mots.
Générique & production
Œuvre originale
Kaj Harald Leininger Munk (1898-1944)) est un auteur dramatique danois et un pasteur luthérien.