Le Journal du Dimanche
1er décembre 2008 · A.C.
La pièce du Danois Kaj Munk date de 1925. Connue surtout grâce à Carl Dreyer qui en fit, trente ans plus tard, un film mémorable, c'est la première fois qu'elle est créée en France, dans une traduction de Marie Darieussecq et Arthur Nauzyciel. La parole ("ordet") est au coeur de cette histoire de foi qui a aimanté le public du dernier Festival d'Avignon. Dans une famille de paysans, l'un des fils se prend pour le Christ. Une femme meurt en couches. Peut-elle ressusciter?
La scénographie (Éric Vigner) transporte dans un paysage nordique ancestral où s'affrontent l'humain et le divin.
Arthur Nauzyciel dose le mystique et le charnel, transmue l'austérité en lyrisme, laisse la foi envahir la scène. L'interprétation est remarquable, notamment de Pascal Greggory, impressionnant, et Xavier Gallais, décalé, étonnant. Un grand moment.