La Dépêche du Midi
12 novembre 2013 · ANNE-MARIE CHOUCHAN
Orlando de HAENDEL triomphe au Théâtre du Capitole
JEAN-CHRISTOPHE SPINOSI, souvent applaudi à la Halle aux Grains à la tête de son ensemble Matheus ou de l'Orchestre du Capitole, dirige pour la première fois un opéra scénique au Théâtre du Capitole.
La production d'Orlando de HAENDEL, montée avec le Quartz de Brest, l'Opéra de Rennes et le Théâtre de Lorient, lui offre une nouvelle occasion d'affirmer sa conception toujours passionnante des opéras baroques. Retrouver, même sur instruments anciens, une musique vivante qui nous parle aujourd'hui : voilà qui fait tout le prix de ses interprétations de ce répertoire. Sous sa direction, attentive au plateau de chanteurs, l'opéra de HAENDEL l'un des plus originaux du compositeur, vibre au rythme des sentiments qui animent ses cinq personnages. L'Ensemble Matheus ne se contente pas de rechercher la reconstitution historique au travers de ses instruments : le son qui sort de la fosse surélevée est séduisant, les solos sont précis, la justesse rythmique est au rendez-vous. Les cinq chanteurs du spectacle unissent tous maîtrise technique, souci de la ligne musicale et de l'expression. Le contre-ténor David DQ Lee, qui se produit pour la première fois au Capitole, joue avec brio de sa voix singulière pour exprimer les tourments de cet Orlando sombrant dans la folie par jalousie. En princesse Angelica, la soprano Adriana Kucerova nous touche par la fraîcheur de son timbre et sa présence scénique. Le Medoro de la mezzo-soprano Kristina Hammarstrom est superbe de beauté vocale et de vérité dramatique, la soprano Sunhae Im campe une bergère Dorinda délicieuse, musicale et sensible. En Zoroastre, Luigi De Donato fait valoir un solide baryton et une belle autorité scénique.
La production, conçue pour plusieurs théâtres (elle sera présentée bientôt au château de Versailles) est signée Éric Vigner pour la mise en scène, les décors et les costumes. Minimaliste au début, avec des images de cinéma suggérant certaines préoccupations des personnages (l'amour est illustré par le corps dévêtu de Brigitte Bardot dans le film Le Mépris !), le décor est ensuite agrémenté d'un grand panneau de fines lanières suggérant une forêt ou la tempête, grâce à de subtils jeux de lumière. Astucieux. Les costumes, sobres, sont très élégants. Dimanche après-midi lors de la première, le public, qui applaudit la plupart des airs des chanteurs, réservera un triomphe au spectacle. JEAN-CHRISTOPHE SPINOSI et tous les chanteurs leur offriront en bis le chœur final.