Liberté · Le Bonhomme Libre
29 janvier 1999
Marion de Lorme de VICTOR HUGO
Pièce méconnue et cependant d'une importance considérable dans l'histoire du théâtre, Marion De Lorme de Victor Hugo a fasciné Éric Vigner qui estime que représenter cette pièce est devenu une nécessité pour le théâtre. Un drame fondateur du romantisme qui, par la grâce d'Éric Vigner, devient une déclaration d'amour au théâtre et aux acteurs.
"Cette pièce, représentée dix-huit mois après Hernani, fut faite trois mois auparavant" écrit Victor Hugo dans la préface de Marion de Lorme en août 1831, c'est-à-dire au moment où il se décide à la publier. C'est parce que la pièce s'est heurtée à la censure en 1829 qu'elle ne sera donnée au public qu'en 1831 après un changement de régime. On sait en revanche qu'une lecture privée faite le 9 juillet 1829 valut à son auteur les applaudissements de Balzac, Delacroix, Musset, Vigny, Dumas, Sainte Beuve, Mérimée... et que Baudelaire, qui verra Marion de Lorme à la reprise en 1838, écrivit à Hugo : "La beauté de ce drame m'a tellement enchanté et m'a rendu si heureux que je désire vivement connaître l'auteur et le remercier de près". Autre caractéristique de ce drame historique fondateur du romantisme qui raconte les amours tragiques d'une courtisane sous Louis XIII, Marion de Lorme témoigne de l'intérêt que portait le jeune Victor Hugo au baroquisme, à la préciosité du premier XVIIe siècle. "C'est qu'il y a un point de contact entre le baroque et le romantisme", écrit Jean Rousset, "ils sont également sensibles au mouvement, également portés à accuser les violences et les contrastes et à voir la destinée humaine sous les espèces du flux, de l'instabilité, du voyage, de l'aspiration vers un ailleurs".