Applaudir
Novembre 1993
MARGUERITE et LA PLUIE
Voilà une femme bien étrange. Elle agace et irrite les uns. Elle passionne et séduit les autres. MARGUERITE Duras ne laisse personne indifférent. Elle écrivit de bons et beaux livres comme Un barrage contre le Pacifique (elle y peignait un univers où la misère physique et morale, le soleil, la sensualité et l'alcool dominaient le quotidien. Elle obtint le prix Goncourt en 1984 pour L'Amant, jugé sublime par certains. estimé "nul" par les grincheux. Elle réalisa des films comme Le camion en 1977, où elle se mettait en scène aux côtés de Gérard Depardieu. Une oeuvre envoûtante, passionnante, irritante et déconcertante qui est le terme d'une réflexion, d'une recherche : "Que le cinéma aille à sa perte." écrivait Duras.
Et puis en 1990, elle note : "Je vais faire du théâtre cet hiver et je l'espère sortir de chez moi, faire du théâtre lu. pas joué. Le jeu enlève au texte, il ne lui apporte rien, c'est le contraire, il enlève de la présence au texte, de la profondeur, des muscles, du sang, aujourd'hui, je pense comme ça au fond de moi, c'est comme ça que je pense au théâtre."
Une profession de foi plutôt décourageante pour un metteur en scène. Eric Vigner ne demande qu'à croire, ce dont chacun douterait. Il croit que la poésie naît là où personne ne l'attend, ne la soupçonne, ne la force à paraître. Pour lui La pluie d'été est un texte entre théâtre et roman, entre dialogue et écrit, entre voix in et voix off, entre jubilation et tristesse.
Alors, il prend l'histoire d'Ernesto. cet enfant entre douze et vingt ans, fils aîné d'un couple d'émigrés. L'enfant ne veut pas aller à l'école. parce qu'il apprend des choses qu'il ne connait pas. Histoire de l'apprentissage de la vie. Hésitation entre l'important et le sans-importance. D'Ernesto, Eric Vigner dit : "C'est un Petit Prince des villes, qui connaît des vérités que nous ignorons." Son spectacle est empreint d'une beauté discrète, troublante.