Sortir Ici
Octobre 1998 · Éric Vigner
"À partir du travail d'atelier mené avec les élèves du TNS en 1997, MARION DE LORME s'est véritablement imposée à moi comme une étape nécessaire de mon parcours théâtral. (...) C'est une grande pièce sur la mort, qui est ici vécue comme la seule ouverture et la seule jouissance possible. J'ai toujours été intrigué par le fait que tous les jeunes romantiques de cette pièce veulent perdre la tête... je crois que cette expérience extrême est l'expression d'une façon de vivre d'une intensité folle, une façon de vivre à même la chair... Je veux retrouver au théâtre ce rapport excessif et entier à la vie. C'est une grande pièce sur ce qu'est l'amour, un amour idéal, un amour absolu de frère et de sœur c'est à dire un amour sans avenir;.. MARION DE LORME est une nouvelle façon d'interroger le théâtre : cette question est au cœur de cette pièce, manifeste du théâtre romantique naissant.
Elle est la preuve en acte qu'un nouveau théâtre est en train de naître... Un théâtre construit sur la volonté d'inventer le monde dans un double mouvement qui consiste à exalter les classiques et à les brûler. Le théâtre romantique, parce qu'il s'inscrit dans cette folie du paradoxe et de l'utopie, dans cet excès de la jeunesse, est un théâtre qui veut tout : les anciens et les modernes. Il faut que tout meure pour que tout vive. Dès lors, le manifeste romantique sera poétique et politique, il sera tout, ou il ne sera pas.
Je crois que l'invention est d'abord affaire de questionnement, qu'il n'y a d'avenir possible qu'à partir de l'interrogation... MARION DE LORME permet une nouvelle fois de tourner autour des questions qui font mon théâtre et qui font que je fais du théâtre en interrogeant le spectateur, parce que c'est fondamentalement à lui de se positionner, de faire le monde qu'il a choisi, parce que la représentation n'a de sens que par rapport à lui, parce qu'enfin il n'y a au théâtre de rapport au monde, à la vie, à la vérité que par le public.
MARION DE LORME est donc une invitation pour essayer à travers une nouvelle expérience théâtrale, d'aller toujours un peu plus loin dans ce questionnement, dans cette tentative pour inventer l'avenir ensemble."