Ouest France
20 septembre 1998 · Benoit Le Breton
VIGNER crée MARION DE LORME
Le metteur en scène revisite le drame romantique de Victor Hugo.
" Je vais donner un coup de pied dans la fourmilière ! " ÉRIC VIGNER piaffe d'impatience. Peu de metteurs en scène ont osé s'attaquer au drame romantique de VICTOR HUGO. Le risque est grand. Grisant aussi, pour un artiste dont le regard contemporain s'est posé sur MARION DE LORME, il y a maintenant deux ans. " Le théâtre romantique a toujours fait l'objet d'une lecture très vieille, mélodramatique, constate-t-il. Pourtant, quand il écrit sa pièce, HUGO a 27 ans. Soutenu par d'autres jeunes artistes, il la conçoit comme le manifeste d'un nouveau théâtre. " VIGNER, lui aussi, cherche à imposer une certaine idée de la création contemporaine, à partir de son Q.G. du centre dramatique de Bretagne, à Lorient. La coïncidence n'est, bien entendu, pas fortuite.
" Les Romantiques étaient des gens jeunes, libres, confie ÉRIC VIGNER. Comme Didier, qui tombe amoureux de Marion la courtisane, collectionneuse d'amants, ils voulaient vivre intensément et considéraient la mort, non comme un drame mais comme une fête. Du coup, le théâtre romantique joue, en permanence, sur les contrastes. Il passe du burlesque au tragique et repose énormément sur les acteurs, sur le rapport au corps, mais aussi à la musique et aux arts plastiques. " Une matière première rêvée pour ÉRIC VIGNER qui, depuis toujours, cultive le mélange des genres. J'ai retiré certains passages, j'ai intégré à la pièce un quintet de musiciens à cordes. Il y aura des moments doux, d'autres plus violents. La création ne se veut pas démonstrative et encore moins un spectacle de cape et d'épée ! Je vais donner au spectateur des éléments de texte, de décor, de lumière. Ce sera, ensuite, à lui de se raconter sa propre histoire. " Créer pour un public passif et indifférent ne sera jamais la tasse de thé d'ÉRIC VIGNER.