Le Télégramme
28 septembre 1998
Marion de Lorme le lever de rideau
"Expérience extrême"
Voici comment Éric Vigner présente sa démarche. "À partir du travail d'atelier, mené avec les élèves du TNS en 1997, Marion de Lorme s'est véritablement imposée à moi comme une étape nécessaire de mon parcours théâtral. Elle offre toute la matière de ce qui fait mon théâtre. C'est une grande pièce sur la mort, qui est ici vécue comme la seule ouverture et la seule jouissance possible. J'ai toujours été intrigué - et je le suis encore - par le fait que tous les jeunes romantiques de cette pièce veulent perdre la tête".
"Je crois que cette expérience extrême est l'expression d'une façon de vivre d'une intensité folle, une façon de vivre à même la chair... Je veux retrouver au théâtre ce rapport expressif et entier à la vie. C'est une grande pièce sur ce que c'est que l'amour, un amour idéal, un amour absolu de frère et de soeur, c'est-à-dire un amour sans avenir... "
"Marion de Lorme est une nouvelle façon d'interroger le théâtre : cette question est au coeur de cette pièce, manifeste, du théâtre romantique naissant ".
"Elle est la preuve en acte", poursuit-il, "qu'un nouveau théâtre est en train de naître... Un théâtre construit sur la volonté d'inventer le monde dans un double mouvement qui consiste à exalter les classiques et à les brûler. Le théâtre romantique, parce qu'il s'inscrit dans cette folie du paradoxe et de l'utopie, dans cet excès de la jeunesse, est un théâtre qui veut tout les anciens et les modernes. Il faut que tout meure pour que tout vive. Dès lors, le manifeste romantique sera poé- tique et politique, il sera tout, ou il ne sera pas".