Le Télégramme
27 octobre 1998
MARION DE LORME : les spectateurs "planchent"
ÉRIC VIGNER, avec sa dernière pièce MARION DE LORME, repousse les limites du théâtre. HUGO, lui, a été un des premiers à faire changer la manière de jouer, et sa vision reste très moderne.
Une vingtaine de spectateurs se sont retrouvés dans l'auditorium de la médiathèque, avec Philippe Arretz, le responsable de la communication du CDDB. Objectif : après avoir vu la pièce MARION DE LORME, discuter et prolonger le spectacle.
Le support de la discussion était le petit livret qui accompagne la pièce, avec des commentaires d' écrivains, d'historiens, de philosophes, d'universitaires, de psychanalystes et de photographes.
Albert Le Dorze, psychiatre (présent dans le petit manifeste), et Danielle Colin, la responsable de la médiathèque, participaient à la rencontre.
MARION DE LORME est une des premières pièces écrites par HUGO, âgé de 27 ans, et encore royaliste, juste avant Hernani. Marion de Lorme a bel et bien existé. Si l'intrigue est légère (une femme, une courtisane et des amants), le fond reste d'actualité.
La pièce d'HUGO est une réflexion sur le pouvoir, une métaphore de la disparition du "pater familias", et de la royauté. C'est le passage de la féodalité à une ébauche de démocratie. Devant la mort, on est tous égaux. Tout au plus les pauvres sont-ils pendus, alors qu'on décapite les riches.
C'est une femme qui incarne le personnage du roi. Incontestablement, c'est une réussite. Le personnage central de la pièce, Richelieu, est absent.
Un débat très libre s'est instauré avec Philippe Arretz, Danielle Colin, Albert Le Dorze. Les questions : "Mais qu'apporte le tulle dans la pièce ? Quel est son rôle ?" a demandé l'un. "Quelle est la signification de l'aile qui plane au-dessus des spectateurs ?" interroge un autre. "Pourquoi lui faire tenir une cigarette ?"