Ouest France
5 octobre 2006
Monsieur Jourdain chez les Coréens
Le Théâtre National de Corée revisite avec gourmandise Le bourgeois gentilhomme ». C'est au Quartz jusqu'à samedi prochain.
Monsieur Jourdain est dans de beaux draps ! On le savait effaré de faire de la prose sans le savoir, soucieux de découvrir le maniement des armes, la danse, la musique et la grammaire. Sans oublier le tour de main à prendre pour murmurer des mots doux à une femme. Par la grâce d'Éric Vigner et du Théâtre National de Corée, notre " bourgeois gentilhomme " se retrouve drapé dans les habits soyeux de l'Orient. De nouveaux habits, mais toujours le même personnage.
Quoique... C'est sous les traits d'un jeune Coréen à la tête d'hurluberlu et à l'âge mental douteux que Jourdain revit actuellement au Quartz pour cinq représentations. Le duo Molière - Lully trouve ici un écho étonnant, décapant et dépaysant. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'effet de surprise fonctionne parfaitement. On en oublie même parfois que l'on maîtrise assez peu la langue coréenne pour goûter totalement cette adaptation qui a su transposer l'histoire dans un autre contexte, sans pour autant perdre de sa crédibilité. C'est loufoque, visuellement très réussi et les artistes coréens (comédiens, danseurs, musiciens) s'en donnent à cœur joie. La leçon de voyelles avec l'accent coréen, voilà un instant délicieusement déjanté. Monsieur Jourdain pourrait y perdre son latin, mais sûrement pas son esprit universel.