Le Parisien
18 septembre 2006 · Maguelone Bonnaud
Rencontre avec un surprenant " Bourgeois gentilhomme "
Si vous voulez (re)découvrir Molière, c'est l'occasion. " Le Bourgeois gentilhomme " présenté à l'Opéra-Comique, à partir de mercredi et jusqu'au 30 septembre, est tout simplement magique. Interprété par le Théâtre national, l'Orchestre national et le Ballet national de Corée dirigés par un metteur en scène français, il emporte le spectateur d'un enchantement à l'autre. Que l'usage d'une langue étrangère ne vous effraie pas. Il y a des sous-titres. Et surtout, le spectacle est partout : dans la musique de Lully, qui sonne merveilleusement grâce aux instruments traditionnels des musiciens, assis à l'avant-scène ; dans les chants et danses époustouflants, interprétés par les plus grands artistes de Corée, les costumes de soie moirée et les paravents décorés de plumes de paon. Dès qu'apparaît l'éphèbe passionné qui joue Monsieur Jourdain, on sent avec bonheur que ce " Bourgeois gentilhomme " est sorti des limbes du passé.
" Quand il écrit cette pièce, Molière a 40 ans, connaît l'amour, la paternité, le succès, analyse Éric Vigner, le metteur en scène. Ce qu'il raconte, c'est que l'amour peut transformer un homme. Les Français ont plutôt une vision poussiéreuse de Monsieur Jourdain, en personnage ridicule, vieux et gris. Or, il s'agit d'un homme qui aime à en mourir... " Le terme vivant a rarement semblé aussi approprié pour un spectacle.