Le Figaroscope
20 septembre 2006 · Yves Bourgade
Molière et Lully aux couleurs coréennes
Le Théâtre national de Corée (du Sud) regroupe en son sein acteurs, chanteurs, musiciens et danseurs. Tout ce qui est nécessaire à l'élaboration du genre de spectacle que réclame la comédie-ballet de Molière et Lully, Le Bourgeois gentilhomme. Le type même du théâtre total auquel aussi bien l'Orient que l'Occident ont aspiré.
Après un séjour à Séoul, le metteur en scène français Éric Vigner a pu réaliser cette production affichée à l'Opéra-Comique : Le Jeu du Kwi-Jok ou Le Bourgeois gentilhomme. Le spectateur français retrouvera les personnages familiers de monsieur Jourdain entouré des siens. Ils s'expriment en coréen (avec surtitres), sont revêtus de costumes traditionnels et évoluent dans un décor inspiré des motifs des laques orientales.
La partition de Lully a été retranscrite pour des instruments coréens qui lui donnent tonus et couleur sans la dénaturer.
"D'ailleurs la musique du compositeur du Roi-Soleil est si peu incongrue qu'un temps, à Séoul, la mélodie qui annonçait la fermeture des portes du métro était celle de la cérémonie turque du Bourgeois gentilhomme", raconte Éric Vigner. "En Corée, je me suis senti comme Monsieur Jourdain lorsqu'il découvre l'orthographe, l'art, la musique, le maniement des armes... Pour moi il n'est pas un personnage ridicule, bien au contraire."
Faut-il y aller?
Sans doute pour se rappeler l'universalité de la leçon de Molière, tes rythmes de la musique de Lully et pour assister à une manifestation exemplaire du possible respect de la culture d'un autre pays, aussi bien du côté français que coréen.