Théâtres
Septembre/octobre 2004 · Hervé Pons
De l'Orient à Lorient
De l'Orient à Lorient, Éric Vigner remonte le temps et rétablit l'apostrophe. Pour la première fois, le Théâtre National de Corée se déplace en France pour jouer Le Bourgeois Gentilhomme, version intégrale avec ballet, de Molière et Lully. Production : éric Vigner, donc, et le Grand Théâtre de Lorient. En souvenir du temps de l'apostrophe.
La ville de « l'Orient » naît en 1666 de l'installation de la Compagnie des Indes et du début des échanges commerciaux avec l'Asie, sous le règne de Louis XIV. La consécration vient vite, avec la construction d'un des plus beaux joyaux de la France, Le Soleil d'Orient, vaisseau majestueux armé de 60 canons qui disparaîtra quelque part au large de Madagascar, après avoir donné son nom aux chantiers navals et à la ville nouvelle. Quelques années plus tard, le Roi Soleil commande à Molière et Lully, une turquerie, pour se moquer d'un jardinier qui s'était fait passer pour un ambassadeur envoyé de l'Empire ottoman : ce sera Le Bourgeois Gentilhomme.
Éric Vigner retrouve donc l'Orient en s'associant au Théâtre National de Corée et à son ballet. "Ce sera un spectacle coréen, dit-il. Je suis ravi d'entendre la musique de Lully jouée sur des instruments anciens asiatiques. Le Théâtre National abrite la troupe, mais aussi l'Orchestre National et le Ballet National. J'aime l'idée de travailler avec une troupe comme cela fut aussi le cas avec la Comédie-Française pour Savannah Bay de Marguerite Duras. Évidemment lorsque j'ai découvert que le Théâtre National de Corée regroupait différents champs artistiques j'ai voulu les associer. En Corée, je me sens comme Monsieur Jourdain lorsqu'il découvre l'orthographe, l'art, la musique, le maniement des armes... Pour moi, il n'est pas un personnage ridicule, bien au contraire. Je travaille sur cette réplique : Belle marquise, vos yeux me font mourir d'amour. Et je ne parle que d'amour."