Figaroscope
6 janvier 1999 · Marion THÉBAUD
Un manifeste poétique
ÉRIC VIGNER, jeune directeur du centre dramatique de Lorient, représentant d'une relève théâtrale en plein essor, a choisi de se confronter à VICTOR HUGO et de mettre en scène MARION DE LORME. Une gageure ? "
"Il y a une confusion sur l'oeuvre de VICTOR HUGO, répond-il. MARION DE LORME est une oeuvre de jeunesse, le premier grand drame romantique écrit avant Hernani, un manifeste poétique. Et c'est cela qui m'a intéressé. Le spectacle débute d'ailleurs par les deux préfaces écrites pour MARION DE LORME par HUGO, en 1831, puis en 1873. Il est question d'art, de responsabilité. Elles posent des questions sur l'engagement artistique qui sont toujours d'actualité."
Au-delà de l'anecdote, copieuse, comme toujours chez VICTOR HUGO, avec son cortège de complots, de duels, d'amours contrariées dans la France de Louis XIII, dominée par la figure de Richelieu, ÉRIC VIGNER a porté son attention sur la langue hugolienne, sur l'invention et la structure du poème dramatique.
"HUGO veut faire un théâtre utopique, reprend ÉRIC VIGNER, c'est-à-dire un théâtre qui veut tout, la chose et son contraire. À partir du moment où le paradoxe est si fortement inscrit dans la pièce, on se heurte aux problèmes de la représentation. Ce théâtre est tellement hors d'échelle qu'aujourd'hui on ne peut que proposer des tentatives de représentation. On ne peut que montrer comment ce théâtre s'élabore, comment il s'écrit, comme si le théâtre romantique inventait avant l'heure une certaine forme de distanciation."