Éveil
12 décembre 1998
Quand la poésie s'immisce dans les choses du pouvoir
Victor Hugo, un géant du XIXe qui alimenterait à nouveau la création artistique, est à l'affiche au Théâtre municipal. Avec Marion De Lorme, une pièce qui précéda de quelques mois Hernani et qui fut frappée par la censure de Charles X. Éric Vigner, un des leaders de la nouvelle vague du théâtre français, a adapté cette œuvre de Victor Hugo qui, bien longtemps après, n'est donc pas dépassée.
La première des représentations ponotes a eu lieu jeudi soir devant environ quatre cents personnes dont de nombreux lycéens. La seconde était programmée ce vendredi soir à 20 heures. C'est un horaire un peu inhabituel niais le spectacle ne joue pas dans les raccourcis et vous conduit jusqu'à une heure tardive. Cette pièce qui n'est pas la plus connue de Victor Hugo à la force d'une irrévérence. C'est que la poésie, avec Marion De Lorme, se met tout à coup à se mêler de choses qui jusqu'ici ne la regardaient pas : les choses du pouvoir. Par le biais de la folle passion d'amours impossibles, propre au romantisme, voilà que les personnages de la cour, les hommes de pouvoir apparaissent sans leurs masques ou plutôt avec les oeillères que l'exercice de celui-ci peut donner. Du coup, le Romantisme est devenu quelque part une forme du libéralisme, et à travers lui ou après lui toute l'oeuvre artistique. C'est tout le message de la première apparition des comédiens sur la scène. Ensuite, ils vont évoluer selon le principe des grandes règles classiques dans un univers fixe, une atmosphère assez intimiste qui permet de coller au texte. Une atmosphère assez pesante. Le poids de la tragédie.
Le spectacle de Vigner est tout neuf; il a été créé à Lorient et il achève actuellement une tournée en province. Une tournée de rodage avant les représentations parisiennes au Théâtre de la Ville. Il met en scène une équipe de comédiens jeunes aux talents prometteurs. Certains n'ont pas hésité à aller à la rencontre des élèves des classes Théâtre du Puy, pour parler de leur pièce et de leur passion.