Le Renouveau · 11 décembre 1998 · MARION DE LORME

Le Renouveau · 11 décembre 1998 · MARION DE LORME
ÉRIC VIGNER représente la nouvelle vague du théâtre français.
Presse régionale
Avant-papier
11 Déc 1998
Le Renouveau
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Le Renouveau

11 décembre 1998

Éric Vigner représente la nouvelle vague du théâtre français. On avait déjà eu le plaisir de l'accueillir en résidence pour la reprise de La Pluie d'Été, de Marguerite Duras. Avec Marion De Lorme, on célèbre donc les retrouvailles avec ce metteur en scène exigeant et généreux.

Cette pièce est écrite par Victor Hugo trois avant Hernani, en 1829. Son titre est alors Un Duel sous Richelieu. C'est la première pièce romantique. Si elle est peu connue du grand public, c'est qu'elle n'a été créée qu'en 1831, soit deux ans après le scandale provoqué par la création d'Hernani.

Pourtant, dès la première lecture qui est faite de ce texte en 1829 devant un public restreint, le succès est éclatant. Plusieurs théâtres réclament le drame pour le jouer. Alexandre Dumas écrira : "On m'eût demandé dix ans de ma vie en me promettant qu'en échange j'atteindrais un jour cette forme, je n'eusse point hésité, je les eusse donnés à l'instant même."

Mais la quatrième acte déplaît à Charles X. Dans la critique qui est faite de l'époque de Louis XIII, il voit une attaque centre sa majesté, contre l'ordre social et politique. La censure tombe, la pièce est interdite. Et ce n'est qu'après la révolution libérale de 1830 que Marion De Lorme pourra être créé.

Comme les autres drames de Victor Hugo, Marion De Lorme montre le conflit entre l'individu et la société, c'est une pièce sur l'amour, un amour idéal, absolu et impossible.

C'est une pièce sur la fuite en avant de personnages qui veulent vivre intensément car ils savent qu'ils n'ont aucune issue, à part peut-être la mort. La critique du pouvoir (celui de Louis XIII comme celui de Richelieu) est radicale et douloureuse.

"Ce pouvoir exactement totalitaire vide les individus de leur propre vie interdisant aux hommes de se battre et aux femmes d'aimer" (Guy Rosa). Marion là courtisane aime, Didier se bat pour elle ; Didier doit mourir et Marion redevenir, pour le sauver, la chose sans pudeur d'hommes sans honneur.