Ouest France · 13 novembre 2006 · JUSQU'À CE QUE LA MORT NOUS SÉPARE
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Ouest France
13 novembre 2006 · Jérôme GAZEau
Au théâtre, les jumelles jouent à tour de rôle
Jumelles à la ville, jumelles à la scène. Claude et Hélène Perron profitent de leur ressemblance pour tout essayer. Elles se donnent la réplique dans des pièces, mais peuvent tout aussi bien se remplacer quand l'une ou l'autre est indisponible. Et tout le monde n'y voit que du feu. Portrait de deux jolies Nantaises aussi craquantes que les biscuits de la cité ligérienne.
"Ah ! Si comme Claude Perron, j'avais la chance d'avoir une soeur jumelle !" L'exclamation est de Catherine Jacob. Nous sommes en septembre à Lorient. L'actrice achève de répéter Jusqu'à ce que la mort nous sépare, une comédie singulière écrite par Rémi de Vos et mise en scène par Éric Vigner. La pièce ne compte que trois acteurs. Dont Claude Perron, justement.
Compagne d'Albert Dupontel, la comédienne déborde de boulot. Elle joue dans Chrysalis, un film de Julien Leclercq en cours de tournage, et doit enchaîner à la fin de l'année sur Cortex, le prochain polar du réalisateur Nicolas Boukhrief. Plus, après la création de Jusqu'à ce que la mort nous sépare, à Lorient, une tournée conséquente à Marseille et Paris. "Afin d'honorer tous ces engagements, j'ai appelé Éric Vigner, dès le mois d'août, pour le prévenir que je ne pourrais sans doute pas jouer la totalité des 45 représentations. Et qu'il faudrait envisager une remplaçante." L'actrice rit encore de la - réponse mi-embarrassée, mi-amusée du metteur en scène qui suggère : "À part ta soeur, je ne vois pas..." Elle : "Justement, je pensais te la proposer !"
Entre en scène Hélène Perron. La soeurette ne mène pas la même carrière que Claude. "Je n'aime pas le bruit et la pollution de Paris." Mais Hélène est fille à relever les défis. Si sa soeur partage sa vie entre théâtre et cinéma, elle, sculpte, expose, pratique le tuba dans une fanfare. Mais joue aussi la comédie... Comme si les deux frangines n'avaient jamais cessé de le faire depuis leur naissance à Nantes.
Les deux filles du peintre nantais Pierre Perron ont hérité de son goût des arts. Si leur jeunesse commune a été vécue sur les bords de la Loire, les jumelles ont fini par emprunter des chemins différents. Hélène s'épanouit à Nantes; Claude s'inscrit aux cours de la rue Blanche, à Paris. Sauf que leur gémellité crée un lien indissoluble : "Nous nous appelons tous les jours, c'est un besoin presque vital. Et si l'une va mal, l'autre ne va pas bien. Même loin, nous sommes comme en miroir." C'est d'autant plus vrai que Claude est droitière et Hélène gauchère, ce qui engendre des attitudes cocasses ou troublantes: "Nous nous surprenons à nous découvrir parfois en regard dans la même posture, jambes croisées, main au menton."
Ce jeu de copie conforme, des metteurs en scène s'en sont servis à deux reprises. Marcel Bozonnet, à Nantes en 1989, quand il a créé Scènes de la grande pauvreté, de Sylvie Péju ; et surtout Laurent Gutmann qui a exploité afond la ressemblance des deux soeurs dans Le balcon de Jean Genet, en 1996 au théâtre de Châtillon.
Dix ans plus tard, Hélène et Claude se retrouvent sur une même scène. Cette fois pour ne pas jouer ensemble, mais se remplacer. "On ne m'a encore jamais fait ce coup-là !" Ce fut, dans un éclat de rire, la réponse de Catherine Jacob quand l'actrice a appris qu'elle jouerait alternativement avec l'une ou l'autre. "Catherine a eu une réaction superchouette, c'est une fille formidable, disent les jumelles. Elle s'est même intéressée à nos échanges de manteaux, robes ou chaussures. Sauf que nous avons les mêmes tailles !"
Dimensions, visage et jusqu'au timbre de voix: la ressemblance en déconcerte plus d'un quand elles apparaissent côte à côte. Alors, est-ce d'autant plus gênant pour les autres acteurs ?
"Au contraire, c'est très confortable pour eux. Généralement, ils doivent s'habituer à la personnalité des comédiens qui épousent le même rôle, ce type de remplacement arrive souvent dans les longues tournées. Avec nous, le mimétisme les met plutôt à l'aise." Hélène est venue passer plusieurs jours à Lorient pour suivre les répétitions et assister aux premières publiques de la pièce. Elle s'est rapidement imprégnée du jeu de sa soeur dans un spectacle "tiré au cordeau, réglé comme du papier à musique. Compte tenu du temps qui m'est donné, c'est assez rock'n'roll". Le tour de passe-passe a bien fonctionné, en novembre, au Théâtre du Gymnase de Marseille.
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