Libération
21 novembre 2008 · René Solis
Triple passage à l'acte
shakespeare est à l'honneur en France. Rien qu'à Paris, trois pièces de l'auteur sont jouées ces jours-ci.
Othello. Des trois, le plus ambitieux. Sur le plateau, de hauts parallélépipèdes ajourés. On y voit des façades de buildings la nuit, un clin d'œil aux moucharabiés, mais aussi de vastes cartes mémoire dressées, symboles d'un monde binaire, noir et blanc comme les costumes. Othello mis en scène par Éric Vigner est un spectacle numérisé qui passe d'un extrême (trop d'emphase) à l'autre (trop de distance). Pas de nuances, des oppositions.
Le couple Iago-Othello fonctionne très bien. Le premier (Michel Fau) en Matamore tout d'excès; le second (Samir Guesmi) en bloc fragile, qui bascule d'un coup. De la fêlure, de l'obsession morbide, de la manipulation, du complexe d'infériorité, on entend tout, et sans manichéisme.