Descartes et Cie (Préface) · Rémi De Vos · OTHELLO
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Après JUSQU’À CE QUE LA MORT NOUS SÉPARE en 2006 et DÉBRAYAGE en 2007,
RÉMI DE VOS et ÉRIC VIGNER collaborent pour la troisième fois en traduisant et adaptant OTHELLO :
Traduire Shakespeare · RÉMI DE VOS
Extrait du livre Othello, Éditions Descartes & Cie
Je ne suis pas un spécialiste de Shakespeare. En ce qui concerne les études, l’université m’attend encore... Mais quand Eric m’a proposé de traduire Othello avec lui, j’ai répondu oui sans hésiter. Pourquoi ? parce que, quitte à traduire, autant traduire Shakespeare ? Sans doute. Mais il y a une autre raison.
J’écris, moi aussi, du théâtre et Eric crée mes pièces. Merveilleusement, je trouve. Eric est, pour mon théâtre, le metteur en scène que j’attendais. Alors, certainement, j’ai dû penser ça : en créant Othello dans cette nouvelle traduction, c’est encore avec mes mots qu’il allait travailler.
Car c’est bien de langue qu’il s’agit.
Nous avons travaillé six mois. Presque tous les jours. Parfois vingt ou trente lignes en une journée. Quand on écrit du théâtre, traduire Shakespeare pousse à la modestie. Nous avons voulu rendre le sens précis de la phrase et aussi sa musique, son rythme propre. L’anglais peut dire en trois mots ce que le français va dire en cinq. Alors contourner ça. S’acharner. Eviter à tout prix la mollesse et l’alambiqué. Refuser l’obscur. Shakespeare ne l’est jamais, ou alors c’est, de sa part, délibéré. La trame même de la pièce est simple. L’action suit son cours sans difficulté, les dialogues sont avant tout directs. Que les phrases en français soient alors simples et belles, concrètes. S’attacher à ça. Qu’elles se répondent avec grâce, même lorsque le Maure Othello sombre dans la fureur et la folie. Ne pas reculer pour autant devant la grossièreté rencontrée ici ou là, car elle répond au sublime partout présent dans la pièce. Les deux cohabitent ensemble et se renforcent. Atténuer l’une, c’est affaiblir l’autre. Ca aussi, le comprendre. La noblesse des sentiments, le bas comique, la trivialité, l’extrême délicatesse, tout cela coexiste dans Othello.
Écrire du théâtre, c’est écrire pour la bouche des acteurs. Ne jamais l’oublier. C’est à cela que nous nous sommes le plus attaché, finalement. Chercher la langue pour les acteurs. Une affaire d’oreille. Et d’intuition. Mon travail depuis quinze ans. Depuis qu’Eric m’a permis de monter ma première pièce et que je suis devenu auteur de théâtre. La chose la plus surprenante qui me soit arrivée.
Devenir traducteur de Shakespeare, ça, je ne l’aurais jamais imaginé. Mais ça aussi, c’est arrivé. Ce livre en est la preuve.