OUEST FRANCE
JEUDI 28 OCTOBRE 1993 · Pierre Gilles
La Pluie d'été de Marguerite Duras au Stella
Duras dans la banlieue brestoise
Le metteur en scène Éric Vigner et sa troupe, formée de jeunes comédiens tout frais sortis du Conservatoire d'art dramatique de Paris, créent en ce moment à Brest un texte peu connu de Marguerite Duras, La Pluie d'été. Les représentations ont lieu au Stella, à Lambézellec. Un ancien cinéma de quartier transformé en théâtre. Ça passe bien, même si c'est un peu long.
L'avant-première de La Pluie d'été a eu lieu début octobre au Théâtre du Conservatoire à Paris. Nous en avons rendu compte (voir Ouest France du 16 octobre) et les premières représentations brestoises n'ont pas altéré l'impression initiale : un texte superbe, admirablement dit ou joué par les acteurs ; une histoire originale, émouvante, qui plonge les spectateurs dans la vie intime d'une famille d'immigrés de Vitry, dans la banlieue parisienne. Histoire d'un enfant qui refuse l'école, réflexion sur la connaissance, le savoir, la compréhension du monde ; histoire d'un couple de parents qui s'aiment et font preuve d'un amour sans limite pour leurs enfants ; histoire de deux enfants, frère et soeur qui s'aiment aussi à presqu'en mourir... Histoire dite et jouée avec une bonne dose d'humour. Celle qui convient. Indispensable.
La représentation déborde de la scène, va jusque dans la salle du Stella, met le public dans la confidence. C'est beau et bien fait. Le seul reproche qu'on fera au metteur en scène Éric Vigner est d'avoir trop de respect pour le texte. Il y a des coupes à faire, notamment dans la seconde partie où les redondances car il y en a - donnent l'impression de circuler à contre-sens sur un tapis roulant, en étant sûr d'arriver au bout, mais... Il faut élaguer. Ce qu'Éric Vigner a déjà fait depuis l'avant-première à Paris, mais de façon trop timide.