J'ai parfois du mal à dormir au théâtre...
Bernard Quesniaux
J'ai parfois du mal à dormir au théâtre.
Surtout quand je m'ennuie, car je suis énervé.
Heureusement j'ai des techniques.
Parfois je décide d'ouvrir le bureau.
Je déploie dans l'air, au-dessus des spectateurs de grands panneaux de teck, des cloisons flottantes.
J'installe la table, la lampe, une moquette sombre et mouvante et je commence à travailler.
Là me parviennent des bribes de la pièce à côté, je sais que c'est du théâtre, je reconnais, et ça ne me dérange pas.
Quand je suis allé voir La pluie d'été, j'avais emporté mon matériel.
Non, pas besoin, pas de bureau, pas de sommeil, pas de fauteuil, rien. Ce moment là, à fond, sur scène avec eux, à cheval sur les secondes, dans le paysage.
Tout ça bien dessiné.
Ça arrive de temps en temps;
On a l'impression que des gens on eu les clés de la salle et se sont mis à jouer, vite, entre deux représentations, en l'absence du concierge.
C'est comme une boisson qui enivre et rend lucide à la fois.
Je ne veux même pas savoir pourquoi ça m'a plu, pourtant je le sais.
Je ne parle que de moi, mais c'est moi qui y suis allé.
J'y suis retourné plusieurs fois, et ça a continué après.