Télérama (Sortir) · 7 février 2007 · JUSQU'À CE QUE LA MORT NOUS SÉPARE
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Télérama (Sortir)
7 février 2007 · Carole Lefrançois
Mère supérieure
Catherine Jacob plante une génitrice implacable dans la pièce d'ÉRIC VIGNER. Une oeuvre finement acide, et entêtante. "C'est une comédie d'humour noir pour acteurs infernaux", dit ÉRIC VIGNER, metteur en scène de la pièce Jusqu'à ce que la mort nous sépare, actuellement au Théâtre du Rond-Point. Après des années d'absence, un homme retrouve sa mère lors de l'incinération de sa grand-mère et revoit à cette occasion son amour d'enfance. Dans le rôle de la mère, Catherine Jacob, vêtue de noir pour la cérémonie funéraire et chaussée de vertigineux talons SM, ne laisse aucune issue à son fils. Un rôle sans pitié pour cette comédienne incisive.
La pièce de Rémi De Vos est complexe, obsessionnelle. Qu'est-ce qui vous a décidée à accepter de la jouer ?
Catherine Jacob : J'ai adoré le texte, même si je ne l'ai pas trouvé drôle. Car je suis dans une phase de ma vie où il résonne d'une façon lourde. Cette pièce peut franchement taper sur le cervelet. C'est du karting sur glace. L'écriture est facile mais entêtante, et la mise en scène demeure très cadrée, sans aucune liberté. D'ailleurs, tous les soirs, avant de monter sur scène, je me maudis d'avoir besoin de me faire peur. Mais je ne voulais pas jouer un petit boulevard facile, un peu crapoteux, qui ne me servirait pas à grand-chose. Disons que j'essaie de suivre mon parcours sans faire tomber les haies.
C'est une pièce dérangeante sur les rapports mère-fils et les dégâts que cela peut engendrer chez certains hommes. Quelle est votre idée sur la question ?
C.J. : Il paraît que l'Oedipe touche les garçons âgés de 3 à 8 ans. Pour beaucoup, c'est de 3 à 83 ans ! C'est lié au problème universel de l'éducation des jeunes filles. Il faut leur dire qu'elles ont le droit d'être autre chose dans la vie que des mères qui jettent leur dévolu sur leur progéniture.
Et vous, avez-vous de l'enfance qui résonne ?
C.J. : Non. Petite, j'étais déjà pressée de grandir. La part d'enfant en moi, ça me parle moyen. D'ailleurs, la maternité ne m'a jamais tentée.
Les enfants, c'est bien chez les autres. Cependant, sur scène, vous jouez le rôle d'une mère carnassière. Vous mettez-vous volontiers en danger ?
C.J. : Oui, certains ont peur de voir la bête. Moi, je suis là pour la choper dans le couloir... et me dépasser.
Côté écriture, avez-vous des projets en cours ?
C.J. : La dernière fois que j'ai écrit mon spectacle, c'était Bienvenue au club, un truc de bébé pour pousser son cri. Aujourd'hui, je tâtonne. Je ne suis pas prête à écrire une pièce. Je me concentre sur la scène en cherchant à être là où on ne m'attend pas.
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