Le Figaro · 30 novembre 1993 · LA PLUIE D'ÉTÉ

Description du doc

Le Figaro

30 novembre 1993 · C. J.

Les enfants de DURAS

ÉRIC VIGNER s'est emparé du roman LA PLUIE D'ÉTÉ et l'a porté à la scène avec de jeunes comédiens tout juste sortis du Conservatoire.

ÉRIC VIGNER est entré dans l'univers de MARGUERITE DURAS tout doucement. sans savoir où il mettait les pieds. C'était à l'occasion d'un atelier qu'il dirigeait à la demande de JEAN-PIERRE MIGUEL, alors directeur du Conservatoire national d'art dramatique. Lui, ancien élève, s'est retrouvé devant une nouvelle promotion de comédiens avec, pour matière de travail, MARGUERITE DURAS et sa PLUIE D'ÉTÉ, roman paru en 1990. Et alors que le jeune metteur en scène ne connaissait que quelques premiers romans de Duras, il tomba sous le charme de ce curieux mélange de roman et de dialogues. "Ce qui fut intéressant, raconte ÉRIC VIGNER, c'est de voir comment on passe de la littérature à l'écriture dramatique. C'est un travail très pirandellien, passer de la chose lue à la chose jouée."

LA PLUIE D'ÉTÉ est le prolongement en écriture d'un film, LES ENFANTS, réalisé par MARGUERITE DURAS en 1984 avec ANDRÉ DUSSOLLIER, DANIEL GÉLIN, PIERRE ARDITI et MARTINE CHEVALLIER, film resté inédit, qui n'a jamais trouvé de distributeur. Au centre de cette histoire - qui reste la même du film au roman - se tient Ernesto, un immense garçon, aîné d'une famille de sept enfants, étrange caractère qui sait les choses avant de les connaître et possède un instinct et une prescience troublante. À ses côtés, Jeanne, sa soeur, son double, ses parents Natacha et Emilio, et un instituteur, fasciné par Enesto. "L'atelier fait au Conservatoire eut de belles répercussions. On décida d'en faire un spectacle et MARGUERITE DURAS en entendit parler, résume ÉRIC VIGNER. Je suis alors allé la voir et depuis on ne s'est plus quitté. C'est une femme extraordinaire. Elle fait en permanence un éloge de la vie, il n'y a que la passion et l'amour qui comptent pour elle. LA PLUIE D'ÉTÉ est un grand texte contemporain, une parole d'espoir, une fable sur l'humanité. Cette famille est une sainte famille."

C'est en résidence au Centre dramatique national du Quartz de Brest qu'ÉRIC VIGNER s'est ensuite installé pour approfondir ce travail et en produire une nouvelle mouture. Il a choisi un cinéma des années 50 pour lieu de représentations. Un lieu inhabituel, plein de mystère comme il avait trouvé pour LA MAISON D'OS, son premier spectacle joué dans une ancienne usine à matelas puis dans les sous-sols de l'arche de La Défense. "J'essaye toujours de trouver une adéquation entre le lieu et le spectacle, dit-il. À Aubervilliers, nous aménageons la grande salle pour créer un espace plus intime."

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