Libération
janvier 1999 · René Solis
Hugo en vers et en oratorio
"Il y a de tout dans ces cinq actes ! Du rire, des larmes, de la pitié, de la terreur et surtout de l'étonnement, devant une conception si hardie." C'est en ces termes que Jules Janin témoignait en 1831 de l'impact causé par Marion de Lorme de Victor Hugo, véritable manifeste du théâtre romantique.
Deux siècles et demi plus tard, la mise en scène d'Éric Vigner (créée à Lorient, lire Libération du 6/10/98) risque fort de susciter aussi l'étonnement. Qui s'assoira au Théâtre de la Ville dans l'attente d'un grand spectacle de cape et d'épée, avec cascades et costumes scintillants, risque d'être surpris.
C'est un Marion de Lorme en version oratorio que Vigner a choisi de donner entendre plus qu'à voir. Gestes ralentis, diction aussi blanche que précise: on est plus près de Duras que du grand spectacle. Sauf qu'on n'en perd pas une miette et que la beauté des vers de Hugo, autant que la modernité de son théâtre (on n'est pas très loin de la boulimie de Shakespeare, capable de mêler tous les genres et tous les niveaux de langue) n'ont jamais paru aussi évidentes.