"Elle est là, pour la première fois, devant la représentation de son récit LA PLUIE D’ÉTÉ, mis en scène par un autre : ÉRIC VIGNER. Elle est immobile. Concentrée terriblement, les yeux rivés sur la scène sans rien voir d’autre que ce qui s’annonce. Elle écoute ces mots, ces phrases, ces gens, qu’elle reconnaît pour les avoir écrits, créés, inventés. Et parfois non. Parfois elle découvre, étonnée. Elle sourit aux temps marqués par le silence, aux temps indiqués par l’écriture, qui le sont aussi, là, dans l’espace de la lecture : …-douceur-, - il se souvient-, - silence - il réfléchit. Les parents le regardent réfléchir. (silence) - Temps… Elle orchestre son émotion sur la partition qu’il lui est donné d’entendre. Son index approuve. Ferme. Puis reste soudainement suspendu, pris dans l’attente du déroulement de ce qui se joue. Une capacité d’attention et d’émerveillement totalement pleine, digne de celle d’un enfant. La joie aussi, digne d’un enfant. Écrire est peut-être une tentative déraisonnable d’introduire l’infini dans le mortel de la vie. Dire cet écrit dans l’espace est l’acte encore plus déraisonnable de le faire éprouver dans l’instant. D’une écriture à l’autre, on assiste à un relais de la mémoire qui prend corps et s’épanouit dans l’espace poétique de la mise en scène..."
BÉNÉDICTE VIGNER, MAI 1994