ResMusica · 20 octobre 2013 · ORLANDO

ResMusica · 20 octobre 2013 · ORLANDO
À Rennes ORLANDO démarre en fanfare.
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Vincent Deloge
20 Oct 2013
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20 octobre 2013 · VINCENT DELOGE


À Rennes Orlando démarre en fanfare

Cette nouvelle production d’Orlando s’inscrit dans une tournée de deux mois qui, après Lorient et Brest, fait étape à l’Opéra de Rennes avant le Capitole de Toulouse et l’Opéra royal de Versailles. C’est dire si l’enjeu est important.

Ce soir, Jean-Christophe Spinosi et sa formation évoluent dans leur répertoire de prédilection et le résultat est d’une évidence absolue. Le chef, dynamique et souriant, nous offre un Orlando limpide, nuancé et entraînant, d’une justesse rythmique de tous les instants, capable d’un soutien attentif aux solistes comme d’élans orchestraux soigneusement dosés, qui mettent en valeur les couleurs d’un ensemble Mattheus à son meilleur, aux sonorités très claires et à la discipline parfaite.

La distribution vocale est elle aussi de premier plan. Le contre-ténor David DQ Lee, dès son entrée sépulcrale, joue de l’étrangeté de son timbre pour servir à merveille les tourments d’Orlando. Très investi dans ce spectacle, il nous fait partager ses souffrances et offre un portrait auquel ne manque qu’un peu de projection dans le grave pour nous convaincre totalement, car la vocalise est aisée. La démence du personnage est très crédible. Son aimée est chantée par Adriana Kucerova avec une fraîcheur de timbre délicieuse, en dépit de quelques reflets métalliques dans l’aigu, et de magnifiques piani qui nous émeuvent profondément. Luigi De Donato mène le jeu avec une réelle autorité et une voix bien conduite aux graves flatteurs. Sunhae Im, remplaçant Veronica Cangemi, inquiète d’abord par une voix pointue, mais quelle musicienne, très investie de surcroît dans son air du II ! L’aigu est en place, la virtuosité incontestable. Kristina Hammarström, enfin, qui a servi Haendel sur les plus grandes scènes européennes, impose sa musicalité racée et sa science de l’interprétation en Medoro. Elle est aussi convaincante que dans sa récente Fricka de la Walkyrie, grand écart parfaitement maîtrisé.

Comment mettre en scène Orlando ? Éric Vigner ne cherche pas à inventer des péripéties absentes du livret et n’a pas les moyens de mettre en place des machineries sophistiquées. Dans un cadre de scène nu, sculpté par de savants éclairages, que ne viendra agrémenter qu’un rideau de perles de bon goût symbolisant la forêt, le metteur en scène a réalisé un travail de direction d’acteur approfondi, soignant chaque posture et chaque geste. Le résultat est d’une lisibilité absolue et se suit sans le moindre ennui.
Cette production suscite de très longs rappels, avec une reprise de l’ensemble final auquel le chef prête la voix, qui récompensent un spectacle de haute tenue, accessible à tous, y compris les moins avertis de ce répertoire.