Ouest France · 14 octobre 2013 · ORLANDO

Ouest France · 14 octobre 2013 · ORLANDO
Le "cérémonial lyrique" trouve ici sa plus belle expression.
Presse régionale
Critique
14 Oct 2013
Ouest France
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Ouest France

14 octobre 2013


La beauté d'Orlando comble notre désir de rêve

Du grand art ! Au Quartz, de la fosse d'orchestre à la scène, HAENDEL donne des ailes à tous les protagonistes de ce spectacle somptueux.

Après celles de Vivaldi et de Haydn, JEAN-CHRISTOPHE SPINOSI referme, avec HAENDEL, les pages qu'il a consacrées depuis plusieurs années à Orlando, héros complexe et vacillant. On a beaucoup mis en avant la coproduction régionale, et c'est vrai qu'elle permet une véritable amplification de moyens, mais elle ne doit pas cacher cette forêt de talents que le chef d'orchestre JEAN-CHRISTOPHE SPINOSI et le metteur en scène ÉRIC VIGNER synthétisent par leurs visions artistiques. Côté musique, les oreilles s'abandonnent. Côté scène, les yeux frissonnent.

Appelez-le maestro, car JEAN-CHRISTOPHE SPINOSI offre une version éblouissante de finesse de cet opéra de HAENDEL. Tout y sonne juste. Sa direction, la qualité d'exécution de ses musiciens, le choix de ses interprètes. Avec un grand coup de cœur pour Sunhae Im dans le rôle de Dorinda et pour la puissance de Luigi De Donato dans celui de Zoroastro. Sans cet illusionniste, aidé de ses deux anges noirs, pas de fil conducteur. On est tenté de dire, ainsi parlait Zoroastro... Et au milieu s'agite Orlando, qui ne vit que pour l'amour en forme de je t'aime un peu, passionnément, à la folie - encore une scène magnifique -, pas du tout. Jusqu'à vouloir sa mort. Séduisant David DQ Lee, dans le rôle-titre.

Plasticien, la dimension esthétique est importante pour ÉRIC VIGNER. On pourrait même dire que c'est sa marque de fabrique. Il n'a pas son pareil pour rendre oniriques tous les matériaux qu'il touche, en grand virtuose de la métaphore. Jeux d'ombres et de lumière, ombres portées qui jouent aux ogres, sublimes rideaux mouvants d'or et de noir, sous-bois bucolique ou enfers, panneaux polysémiques, tour à tour colonnes, façades ou troncs d'arbres, immense iphone pour les sous-titres et la mémoire des faits... Lui qui se dit "spectateur ébloui de leur travail" donne une extraordinaire fluidité aux chanteurs qu'il ne cesse de magnifier. Définitivement au service du "cérémonial lyrique" qui trouve ici sa plus belle expression.