"Je ne tenais pas à utiliser les tulles déjà beaucoup employés, mais plutôt à placer le spectateur dans une position spéciale, active. Ce rideau, dès qu'il bouge, devient un objet concret, quelque chose comme un mur que le spectateur doit traverser dans une vibration optique. Un tulle n'aurait pas offert la même sensation. En même temps, cette idée m'a permis d'engager une réflexion sur ce qu'est l'image par rapport et autour d'un texte, d'une dramaturgie, des acteurs. Je voulais poser le statut de l'image. Qu'est-ce que l'illusion, qu'est-ce que la réalité. Mon processus tendait à créer une vibration permanente pour le spectateur, entre l'image censée être en deux dimensions et le théâtre qui est tridimensionnel. La question portait sur la manière de faire vibrer tout cela. L'image du paysage de Fragonnard qui figure sur le rideau agit comme une invitation à cette traversée. On la retrouve sur un tulle en fond de scène, couvert un temps par d'autres images, les tableaux de Van Dyck, qui constituent d'autres fragments d'images. Il s'établit ainsi un va-et-vient entre la réalité et l'illusion."
ÉRIC VIGNER