24 heures
19 octobre 2002 · Vincent Philippe
Les deux Catherine
Deux comédiennes à la fine pointe de leur art, Catherine Samie et Catherine Hiégel, et voilà que Marguerite Duras fait son entrée bienvenue au répertoire du Français.
Mais pourquoi ne sommes-nous pas pleinement conquis par cette interprétation de Savannah Bay ? Il ne serait pas courtois d'évoquer en comparaison la création de la pièce, avec sa dédicataire Madeleine Renaud et Bulle Ogier. Ou plus récemment l'intensité du duo Gisèle Casadesus-Martine Pascal, mère et fille dans la vie. Cette histoire en pointillé, où la petite-fille, semble-t-il, d'une ancienne comédienne tente d'arracher celle-ci à son amnésie, fait entendre un récit qui sort par bribes du silence et de l'oubli comme une sculpture sort d'un bloc de marbre.
Peut-être que les blocs de silence disposés par le metteur en scène Éric Vigner sont trop larges, trop épais pour que les mots de Duras créent leur vraie musique. En archéologue qui scrute la mémoire à tâtons, HiégEL est d'une constante justesse. Samie, en appuyant sur les réflexes d'ex-comédienne de son personnage, n'évite pas un certain maniérisme. Mais elle est bouleversante quand elle avance son beau visage qui voit au-delà du présent et sa bouche qui cherche à dire et ne dit pas.