La Gazette de Montpellier
19 mars 2004 · Ghislaine Arba-Laffont
Opéra : Antigone fait la revolution
Deux frères jumeaux qui se battent et s'effondrent. Comme deux tours jumelles... C'est la première scène de l'Antigona du compositeur italien Tommaso Traetta (1727-1779), et le ton est immédiatement donné par la mise en scène en scène d'Éric Vigner, à l'Opéra-Comédie à partir de ce dimanche 21. "Let opéra d'avant-garde à son époque, est toujours d'actualité, affirme Christophe Rousset qui dirige cette oeuvre à la charnière du baroque et du classique, avec son orchestre Les Talens lyriques*. Le monde d'Antigone est décadent, il s'est construit sur l'inceste et il s'écroule." Antigone, c'est la fille d'Œdipe qui a épousé sa propre mère, la reine Jocaste. Les frères d'Antigone, Etéocle et Polynice s'entretuent pour le pouvoir. Créon, leur oncle devenu roi, interdit que l'on donne une sépulture à Polynice parce qu'il le considère comme responsable de la guerre civile. Antigone désobéit au tyran et l'enterre. Elle est condamnée à mort.
"Antigone se dresse contre un pouvoir abusif pour défendre les vertus humaines, continue Christophe Rousset. Elle ne craint pas d'élever la voix pour la justice. La contestation est nécessaire à toutes les époques et encore plus aujourd'hui quand la politique défavorise ces valeurs humaines. Une bonne raison pour reprendre cet opéra oublié et peu joué."
Alors, il ne faut pas s'attendre à voir des personnages en perruques poudrées et en costume du XVllle siècle. La mise en scène d'Antigona est résolument contemporaine et engagée.