Ouest France · 9 mai 2006 · PLUIE D'ÉTÉ À HIROSHIMA

Ouest France · 9 mai 2006 · PLUIE D'ÉTÉ À HIROSHIMA
Ernesto devient un grand savant (...) un peu partout dans le monde, au hasard de l'implantation des grandes centrales scientifiques de la Terre.
Presse régionale
Avant-papier
Jérôme Gazeau
09 Mai 2006
Ouest France
Langue: Français
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Ouest France

9 mai 2006 · JÉRÔME GAZEAU

Hiroshima mon amour, de l'écran à la scène

En 1959, Marguerite Duras signait le scénario d'un film désormais célèbre d'Alain Resnais. Mais ce n'est pas sa transposition à la scène que le public va découvrir au Grand Théâtre de Lorient. D'ailleurs, la pièce créée par Éric Vigner ne s'appelle pas Hiroshima mon amour, mais Pluie d'été à Hiroshima.

Autre retour dans le passé : en 1993, alors jeune metteur en scène, Éric Vigner monte La pluie d'été, d'après un roman écrit trois ans plus tôt par Duras, à partir d'un film tourné par elle-même en 1985, Les Enfants. Elle y campe une famille d'immigrés qui vit en banlieue et dont un fils, Ernesto, refuse de retourner à l'école, "parce qu'on y apprend des choses que je ne sais pas".

À la première donnée à Brest, Marguerite Duras est dans la salle. L'auteure est tellement emballée qu'elle offre les droits d'Hiroshima mon amourÉric Vigner. Le directeur du Centre dramatique de Bretagne n'y touchera pas pendant treize ans, mais puisera avec délectation dans les autres oeuvres de la romancière, portant successivement au théâtre La douleur, La bête dans la jungle, adapté d'une nouvelle d'Henry James, et Savannah Bay, pièce qui fit entrer Marguerite Duras au répertoire de la Comédie-Française, en 2003.

Drame universel

Durassien convaincu, ayant tout lu et tout aimé de son égérie, VIGNER propose aujourd'hui un fondu enchaîné de La pluie... et d'Hiroshima... "À la fin de La pluie d'été, Marguerite Duras écrit qu'Ernesto devient un grand savant nommé en Amérique et puis un peu partout dans le monde, au hasard de l'implantation des grandes centrales scientifiques de la Terre..."

C'est en partie sur cette base qu'Éric Vigner introduit le drame universel d'Hiroshima, où l'oubli dispute à la mémoire et où l'amour finit par resurgir de l'apocalypse. Pour la pièce, le metteur en scène s'est également appuyé sur les témoignages de Japonais ayant survécu à la bombe atomique, recueillis par le journaliste John Hersey dans Hiroshima, publié en 1946.

Après Lorient, Pluie d'été à Hiroshima sera recréé au Festival d'Avignon, le 11 juillet, au cloître des Carmes.